Nicera... C'etait, a l'epoque de sa creation, mon lieu favori. Ses longs fleuves, ses terres fertiles, ses habitants rayonnants, ses grands arbres, ses montagnes aux neiges eternelles... Que de souvenirs.
J'ai essaye de reconstituer ce pays, autrefois si prospere. Mais il y a toujours ce quelque chose qui manque. L'impression que tout est artificiel. Le pays a perdu de sa splendeur, de son ancienne vitalite. Parce que ce n'est plus qu'une reconstitution. Une pale copie de l'ancien territoire, un vain essaie pour faire revivre ces terres. C'est idiot n'est-ce pas? Tous les mondes sont artificiels. Tous ces mondes que nous autres, Esprits, nous avons crees.
Je suis sur un rocher battu par les vagues, au pied de la falaise. Mes pieds nus affleurent l'eau fraiche. De temps en temps, une vague plus grande viens m'engloutir toute entiere. Mais ce n'est pas grave. J'aime sentir le vent me caresser et l'eau me mouiller. Ce n'est pas que c'est agreable. Mais ces cinq sens auquel je suis etrangere sous ma vrai forme me donnent une autre definition de la vie. Sentir ces habits fictifs me coller a la peau... C'est un peu comme savoir ce que c'est que vivre.
J'observe les alentours. J'ai, a ma droite, un fleuve qui deverse ses eaux en une belle cascade. Avant, ce n'etait pas comme ca. Les fleuves coulaient comme tous les autres. Ils se deversaient dans la mere comme la plupart des fleuves. Mais un cataclysme a fait disparaitre la plupart des cotes. Les plages sont devenues falaises. C'est bien. Ca ajoute du charme. Ca rend le pays moins artificiel.
Au loin, le soleil va se coucher. Je deploie mes longues ailes noirs. Je veux aller faire un tour au niveau des montagnes.
A une certaine epoque, elles etaient les plus hautes. Mais le temps ne pardonne personne. Elles n'ont pas resister a l'erosion. Je vois bien que les pics blancs sont moins eleves. Je survole les cours des fleuves et les arbres du pays pour arriver au pic le plus eleve de la chaine: le pic de Gaomen.
Je me pose, mes pieds nus sentant le froid de la neige et de la glace, de la pierre et de la mort. C'est aussi un joli paysage. Depourvu d'impurete, car depourvu d'hommes. Et de tout ce qui fait ce monde: injustice, mensonge... C'est drole hein? C'est moi qui ai cree ce monde, apres tout. C'est moi qui represente tout ce mal, toute cette injustice. Toutes ces impuretes.
J'observe au loin le soleil qui se couche. Bientot, l'obscurite prend place. C'est mon domaine. C'est moi.
Mon enveloppe commence a se dissoudre. Je vais faire un tour en bas, au pied de la montagne, dans cette petite ville qui fut, jadis, la capitale...