Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru

Moi, je suis sûre que ca me réussis pas. Mais c'est que au niveau français; mon anglais est maintenant complètement naturel, et mon niveau de chinois est aussi beaucoup plus haut qu'avant (admittedly that wasn't hard, surtout que mon chinois était plutôt nul)

Enfin, hors sujet, c'est quand le prochain bout d'écrit ??

Euh... Dans tres longtemps? La j'ai rien en court ^^ Et toi, thisa-chan, tes prochains chef d'oeuvres?

Hum j'avoue que c'est pas trop le truc à faire en prépa mais bon... J'ai réécrit Reflets (réécrit parce que j'ai changé pas mal de choses, mais sinon j'ai juste corrigé quoi...) Tiefug, please, ne me tue pas si il y a trop de fautes, j'ai essayé de faire un effort, mais voilà... Au moins, vous devriez avoir tout les accents ^^ Allons-y donc, pour une correction ratée de...

(ah oui, et j'aimerai bien savoir si vous préférez celui là, ou l'ancien)

REFLETS

Cela fait trois jours que tu n’es plus là. Je ne m’y fais pas. Ce matin encore, je suis resté devant ta chambre, à t’attendre, pour que nous allions ensemble au collège, comme d’habitude. Je suis resté deux minutes. Et puis je me suis souvenu que tu ne dormais plus ici. J’ai regardé la poignée de la porte, en espérant qu’elle tourne, et que tu apparaisses derrière. Mais rien n’a bougé.

Je suis tout seul, en classe, seul au deuxième rang. Personne n’a voulu s’asseoir à ta place. Peut-être ne veulent-ils pas détruire ton souvenir, effacer ta présence, volute, rêve, espoir... Faire comme si tu étais toujours là. Ta place reste donc vide, d’un vide dense et pesant, d’un froid glaçant aux reflets d’épée prête à fendre. Chargée de sens, et vide cependant.

Le professeur a fait l’appel. Il a prononcé ton nom, sans avoir trop eu le temps de réfléchir. Sa voix s’est troublée. Il a posé les yeux sur ta chaise vide, aussi vide que son regard et a secoué la tête, geste impuissant ou indifférent. Il a pris un stylo et l’a décapuchonné, et puis, après trois secondes d’hésitation, il a barré ton nom d’un trait d’encre noire. Comme ça. D’un trait...

Le bois de ta table reste bien propre et bien ciré. Je m’attends à tout moment à te voir réapparaitre, nos deux cartables identiques s’appuyant l’un sur l’autre, le contenu complémentaire de nos trousses, ton sourire complice qui répond au mien, et… Mais la seule chose qui reste de toi, c’est cet oeil que tu as gravé au compas, et un semblant de présence qui se dilue jour après jour. Il y a aussi ton casier, à côté du mien, puisque nous avons toujours été inséparables. Il demeure, avec son étiquette, et ton nom affiché dessus. Le papier blanc commence pourtant à jaunir, et le fer porte des traces de rouille. Je connais ton code, comme tu connais le mien. Mais je n’ai pas le courage de vider ce casier. Ce serait comme vider ta chambre. Ce serait accepter ton départ. Mais tu reviendras.

J’ai souvent surpris notre mère pleurer. Et son regard aussi, ses yeux noircis par l’inquiétude et ses paupières rongées par les larmes. Et sa peur, voilée, inavouée, dernière couche parmi tous les sentiments qui s’y mêlent, décelable uniquement parce qu’il s’agit d’une peur de moi, en tant que ton fantôme. Ou de toi, cadavre sorti de son lit de mort, pâle, pâle comme moi. De nous deux à la fois. Morts et vivants, à la fois…
Notre père m’évite. Il passe la plus grande partie de son temps à ton chevet. Il a l’air si proche de toi en ce moment. Il te parle, il t’embrasse, il te pleure comme si tu étais déjà parti, et il s’adresse à moi comme à travers une glace, plus froide de jour en jour, plus épaisse et plus opaque à chaque instant. Alors que nous sommes pareils. Alors que nous sommes chacun le reflet de l’autre...

Quatre jours. C’est toujours dur de s’habituer à ton absence. Je lis la tristesse dans les regards que l’on me lance, de la tristesse et de la pitié. Et un certain soulagement, des excuses inarticulées, pour ne pas être à ma place, pour ne pas souffrir comme moi. Un trouble inégalé. Je crois qu’ils te voient en moi, reflet, ombre ou mirage... Cela ne m’importe pas. Je reste opaque, distant, intouché par les mots, insensible aux caresses, refermé sur toi, sur moi, sur nous, même si tu t’éloignes, même si tu me laisses derrière. Concentré sur ce à quoi je peux me retenir. Un reflet, une ombre, un mirage…

Ton œil a disparu. Ta table a été remplacée par une autre table neuve, vierge de toute gravure. Le bois est lisse, intouché, d’un blanc non naturel qui donne envie de vomir, de frapper, de jurer… Et la chaise, était-ce encore la même ? Tu me le diras toi-même lorsque tu reviendras. Car tu reviendras…
…n’est-ce pas ?

Ce dimanche je suis allé te voir avec un bouquet de fleurs blanches. J’ai observé ton corps couché sur son lit, ton pyjama blanc à rayures bleues, et tes yeux rivés au plafond. Ta pâleur semblable à la mienne, tes cheveux aussi décoiffés que les miens, et tes traits étrangement paisibles, alors que moi… Tu ne m’as pas vu. Je t’ai parlé, mais tu ne m’as pas répondu. Sur le coup, ça m’a fait assez mal. Comme un froid dans le dos, lame de couteau ou vent du nord. Tu étais là, pourtant, mais tu ne répondais pas...
Et pourtant, tu n’as pas l’air si différent. C’est pire, pire que si tu avais perdu ce que je connaissais de toi, auquel cas j’aurai pu prétendre, prétendre… Non, tu dors en fait. Tu rêves un rêve que tu te refuses à partager. C’est comme si tu t’étais décidé à quitter notre monde pour aller te créer ton petit coin égoiste, jardin secret duquel tu aurais banni tout miroir. Tu affiches un sourire en coin qui me fait l’effet d’un défi ou d’une invitation. Je voudrai te prendre par les épaules, te secouer, te crier dessus, te rappeler à grands coups nos jeux, nos secrets, nos délires, notre vie. Nous, tout simplement. Mais toi tu t’obstines, tu t’obstines à mourir tout seul dans ton monde, dos tourné à la glace, à ton reflet, et prêt déjà à briser le miroir d’un coup sec, d’un claquement de doigts, aussi facilement que l'on coupe un fil. Ton monde… Alors que nous avons toujours tout partagé.
Ton calme, ton absence, ton regard, ton silence, ton sourire, ta distance, ton monde, tes rêves… Et puis moi, mourant, ou déjà mort…Trop de choses que je ne peux supporter. Je suis très vite parti. Tu ne m’as pas retenu.

Ce matin, on m’a demandé de ramener à la maison les affaires de ton casier. La requête m’a tout d’abord semblée lointaine. Comment ça, ramener tes affaires ? Mais j’ai vu le regard timide et égaré d’un nouveau venu. J’ai su qu’il était venu prendre ta place. Ton casier. J’aurai aimé protester. Je ne l’ai pas fait. Je me suis simplement retourné pour lui donner ton code, ouvrir la porte de métal – crissements, gonds mal entretenus, fer contre fer, verre contre fer, éclats… – et enfin en sortir tout ce qui restait. Je me suis juste dit qu’il allait devoir dégager quand tu reviendrais. Mais sur le coup mon coeur s’est serré.

J’ai décidé de ne plus aller te voir à l’hôpital. Je considère que ce n’est pas toi, ce pantin de chair qui ne répond pas à mes appels, qui m’ignore complètement, qui regarde mes larmes couler sans réaction, qui a la main trop froide lorsque je la serre.
Je me suis levé le matin, à moitié vide à moitié mort, et je me suis posté devant le miroir. J’ai levé le regard, et j’ai posé ma main contre ton visage, pour essayer de sentir ta présence. Mais la glace était froide, trop froide… Mes ongles ont raclé contre le verre, et n’ont saisi ni un brun de néant…
J’ai soudain réalisé que je ne pouvais rien, absolument rien pour te retenir, si ce n’était m’accrocher à mon reflet, à ce reflet qui est également le tien…

Etrange, ce froid tout soudain installé, étranges, ces rires que je ne partage pas, étranges, ces murmures non dissimulés sur mon passage, étranges, ces voix si peu concernées. Font-elles seulement parties du même monde que moi ? Et ce vide, d’où vient-il ? Je ne sens plus ta trace, il ne s’agit plus que d’un vide sans nom, ni tristesse, ni peur, ni désespoir, un vide simplement, qui ne se comble pas, mais se vie. Je ne réalise pas où je suis, ni ce que je fais. Il me semble que je tiens un stylo entre les mains, mais il me semble aussi qu’il s’agit d’une paire de ciseaux prêts à couper. Mon autre main suit des doigts un double fil de glace aux reflets d’argent. Il mène à un cœur battant que je me sens prêt à arracher – tien, mien, nôtre ? Je sens mes jointures saigner. Je me suis coupé, avec les ciseaux, ou bien avec les éclats de verre qui parsèment mon bureau, ou est-ce le fil, si fin qu’il en devient effilé ? Peut-être aussi me suis-je frotté aux dents d’un vampire, dont j’admire la démarche sans ombre ni reflet, ni sans lumière aucune. Ah, et si c’était moi ? Je me suis peut-être mordu. Le sang coule, mais il a un autre goût, un goût d’abysse et de glace. Un goût de noyade. Fermer les yeux, et laisser couler l’océan sur mes paupières, et laisser ma plume, mes larmes, le fil et les ciseaux heurter la table avec le fracas d’un miroir qui se brise…
Ah, étrange vide, aux échos de repos et au goût de grenade…

Quand on est venu me dire, je savais déjà…

Ton corps couché dans le cercueil. Mon cadavre debout à côté du tien, pâle comme toi, mort comme toi, placide comme toi, souriant comme toi. Reflet sans glace.
Le noir de mes habits, le blanc des tes roses. Le bleu du ciel. Le cristal des larmes. Un mort et un vivant. Deux miroirs, deux reflets. On allait enterrer mon autre moi.

On m’a dit que j’avais de la chance. Que je pouvais vivre pour toi. Que tu vivrais à travers moi. Ils n’ont pas compris que j’étais mort à travers toi. Ils n’ont pas compris qu’un miroir qui se brise détruit les deux côtés d’un reflet. Qu’un être sans reflet est forcément mort. Que je ne peux même plus me raccrocher à l’image renvoyée par une glace. Copie d’une copie. Reflet d’un reflet. Ni souvenir ni esprit ni rêve. Ni même moi…

Le reflet de mon visage sur la glace. Mon teint pâle, mes yeux rouges. Ce n’est pas toi. Mes cheveux en bataille, mes lèvres sèches. Ce n’est pas toi. Ma main contre le miroir. Le froid de la vitre. Où es-tu ? Le craquelement du verre. Le reflet de mes larmes. Où es-tu ?
A six pieds sous terre, enterré avec un miroir. Avec moi.

C'est super bien écrit! et franchement j'appellerai plutôt ça une réécriture qu'une correction mais bon... Les erreurs maintenant? ^^ Non, franchement elles sont pas très grave c'est juste que si je t'embête assez je serai fait modo (je pouvais pas encore éditer ton texte quand je l'ai vu... c'est normal? ptet les modos peuvent pas éditer... ça serait pas très pratique) Personnellement je préfère celui-là ^^

J'ai regardé la poignée de la porte, en espérant qu’on l’actionne, et que tu apparaisses derrière.
Proposition: "en espérant la voir tourner, et toi apparaîre derrière."
ou "en espérant qu'elle tourne, et que tu" etc.
raison : tournure impersonnelle : qui est "on" ? ici, c'est explicitement "toi" donc le on fait louche. Si tu veux garder le "suspense" en ne disant pas que c'est "toi" qui l'actionne, "elle tourne" est pas mal ^^


Je suis tout seul en classe, seul au deuxième rang.
Juste pour savoir si c'est voulu, j'ai trouvé ça bizarre à la première lecture le double "seul" mais ça se défend ^^


d’un froid glaçant aux reflets d’épée prête à fendre
A fendre quoi ? Enfin je sais pas, c'est peut-être juste moi, mais je pensais que ça avait toujours un complément (ou alors c'est réflexif : se fendre). Je dirais... "Prête à tomber" ? Bof je sais pas si c'est vraiment mieux... "à s'abattre". Pareil, j'ai envie d'ajouter "sur qq'1"... Bah laisse "fendre" en fait ^^...


et n’ont saisi ni un brun de néant
...??? Non-sens... ? Tu voulais dire "n'ont rien saisi, qu'un fin brin de néant..." ? C'est ce que je trouve de plus proche en tout cas...


un vide simplement, qui ne se comble pas, mais se vie.
"Qui se vide" non ?


Enfin bref, joyeux anniversaire quand même! ^^

Contente de savoir que j'ai progressé ^^

Tout à fait d'accord pour certaines corrections! Juste deux choses:

Par "n'ont saisi ni un brin de néant", j'entendais "n'ont pu saisir ni même un brin de néant"
(à moins que cela ne se dise pas non plus...). Je croyais que ça se disait pourtant... ^^'''

"un vide simplement, qui ne se comble pas, mais se vie"
Ben, c'était vraiment le verbe vivre ^^'' Si c'est pas correcte, je vois pas trop ce que je peux mettre d'autre en fait hehe.

... Je crois que ça se dit pas non plus...
"n'ont pu saisir ni même un brin de néant" -> "ni même" signifie l'opposition avec autre chose (il n'était pas très beau, ni très laid, ni même très ordinaire) donc ici je vois pas trop...

"Un vide [...] qui se vie" -> conjugaison du verbe vivre à la troisième personne du singulier au présent de l'indicatif !!!!! -> "il vit" non ? donc "qui se vit"?...

^^ J'ai modifié le reste et je me suis aperçu que tu l'avais déjà fait... J'ai juste changé la poignée de la porte (si tu préfères comme avant tu le remets ^^) et ajouté un cédille au c dans "ça m'a fait assez mal" et une virgule au "tout seul en classe" : j'ai compris que ça me faisait bizarre parce que ça sonne comme si tu étais le seul à être en classe... pareil, tu change si tu préfères comme avant ^^

Double post!! On veut des écrits!
Okay bon je sais que t'as pas le temps et tout, donc je ne réclame rien, sinon un titre. Oui, un titre. Un tout petit petit titre pour tout écrit sur Illydis et le livre bizarre, là.
Je sais que t'avais dit qu'il n'y en avait pas, mais c'est pour le fichier word. (Archives)

S'il te plaît? ^^ Sinon il s'appelera INTERLUDE, ça va comme nom ?

Des écrits? j'ai bien envie de finir celui que j'ai en cours ce soir... avec un peut de chance?
encore que, celui là je l'écris plus pour moi qu'autre chose... je le comprends à peine moi même, genre écriture expérimentale ^^

Un titre? c'est beaucoup me demander^^
J'attends qu'il me vienne, encore, mais il ne vient pas... Cela fait longtemps que je l'attends d'ailleurs ^^ Lui et un autre.

Laisse Interlude, ça ira jusqu'à ce que je trouve un nom.

'name pending'

*ignores piro because I didn't understand what he said*

Okay np word documents are editable! ^^ Thanks!

...
piro: 'name pending' is a horrible name for a short story... XD

Tiefug: go look it up. You might encounter the word 'pending' very soon (actually, I'm surprised you didn't get it...)

Yoru: ... Just "..." because I have nothing to say...

well, do not say anything if you do not have anything to say! ^^

...



hey this is funner that I thought !

'pending' is used to say that a decision will come, but that it hasn't been announced yet. often used for the rating of games,
example : R.P. for rating pending on game sites while previewing/reviewing games.

I think this is a good definition, except for the "often used for the rating of games"...
I think this bit of information might be biased...... =__=

Oh. Ooh. Ooooh....
I knew this word! ^^ but I didn't understand he was sugesting that as a name and well I guess I just wasn't very bright that day ^^

Anyway, thanks everyone for the titles and definitions! ^^ And when are piro's definitions unbiased, Arthisa? ^^

Hopefully everyone has been reading Yoru's short story... Eh bien je dois avouer que j'ai pas eu le courage de la terminé d'un seul trait, donc j'ai décidé de la traduire en lisant, parce que ça m'aide à prêter attention au style et tout les trucs intéressants de l'écriture.

Alors, j'en suis même pas à la moitié, mais je vais commencer à poster, pour que Yoru puisse voir comment ça avance, et me corriger si besoin. (Si y a quoi que ce soit qui ne te plait pas, n'hésite pas à me dire, je changerai sans problème! Et tu peux m'aider à mettre des couleurs, si tu veux! )

THE SEA

What is there on the other side?

There is no other side.

There must be. There has to be another shore, similar to this one. Another beach of frozen sand, with the same insolent whiteness, sterile as a desert and as dead as the bodies it contains... Image, reflection, or shadow.

Don’t look for it. There is nothing.

But who is he, that man walking over there? Isn’t he cold, with this thin shirt and these short that barely cover pale and shivering legs? Look, he is taking off his shoes. He drops them on the side. They take the grey color of abandoned things. I think they are melting, or crying, or maybe both. His footprints stop there, but he is still advancing…

Come. Don’t look.

But why? I want to watch. I want to watch the sea gulp down a person who offers himself, sacrifices himself, loses himself, and dissolves. I want to see what he looks for and what he discovers, the ephemeral revelation that drives him to do this… What, oh what, are they looking for, all of them?

Yes, what are they looking for, those fools…

~~~


The sea. The ocean. Who doesn’t fear it? This strip of water extended to infinity, calm, flat, without a single disturbance, smooth as a mirror, where nobody dares venture, let out the sails, soak their soul, be reflected even for one second… Unfathomable mysteries of this liquid plain, or is it even liquid? Nobody knows, in truth… And those that seek the knowledge never return.

Dusk.
The setting sun reflects with difficulty on the unpolished metal body of his car. It is climbing up the slope with difficulty, even though it isn’t weak by any standard. It is the slope that is tough. Or maybe it’s because of the friction. Because of the air that seems to become denser with the altitude…
He stops soon, at the edge of the cliff.
- Let’s go out, he says to the girl with him.
She does as he says, curious, and opens the car door. He adds:
- You can leave your jacket. We are far enough from the sea that it won’t be too cold.
And he goes out.
She moves towards him, takes his hand, a smile on her lips. She turns around, facing the mountain, the sun that is reaching the end of its path and now lights only her brow. There is no breeze, no whisper, no movement. Picture…
- It’s beautiful, she finally lets out softly.
- No, you’re turning your back to what I wanted to show you. Turn around.
Strange request which she obeys, letting go of his hand.
- Look.
- It’s the sea.
- It’s the sea at dusk. Its silver surface which doesn’t reflect the sun. The sky already dark, already abandoned by the sun, and the weak stars of the ocean who cannot find their place in its waters, fated to stay desperately hanging to the clouds… They will die soon, I think.
She looks at him, inclining her head to the side. Confused.
- You don’t understand?
- No. I thought we came here to see the sunset.
- I wanted to see its reflection in the sea.
- There is no reflection.
The sun has finished its suicide. Darkness stretches over the couple, and their pupils dilate.
- I’ve tried going as high as I could. But as much as I drive, as much as I try to go higher, all I see is the perfect line of the horizon. No shore. No other side.
- There is none.
She looks at him questioningly, and her soft voice hides her growing concern. He, on the other hand, is no longer looking at her. His eyes are riveted on the horizon, and his feet are getting dangerously close to the abyss.
- Maybe if I reach the peak… But the road stretches on and seems to have no end. Sometimes, I wonder whether there is a summit.
She is unsure whether to answer him.
- There is an end to everything. Every mountain has a summit.
- And every sea, its shores…
She looks away.
- No. Not the sea.
A moment of silence. He hasn’t taken his eyes off the horizon. She feels an uncomfortable coldness set between them, and has to stop herself from shivering.
- Have you ever wondered…
- No!
She bites her lower lip, feeling bad for interrupting him so harshly.
- Never…
He finally turns back to her, cups her chin with his hand and lifts her head up.
- I thought it was romantic. The sea and the sunset. I was wrong, I think.
She gently disengages from him, avoiding his gaze, and walks back to the car.
- Yes. Let’s go.
He throws a last glance at the flat surface of the ocean.

It snows. It snows often, near the sea. In their big, empty, cold city. It snows silvery crystals, irregular, burning cold. A coat of metallic ice fast covers the buildings, and the latter seem to grind their teeth, powerless, with clenched fists and tearing eyes.
He is staring at the landscape through the misted window of his office. He cannot see the sea – no one has a view of the sea – but he can imagine it, untouched, absorbing each and every snow crystal without them leaving any mark on its smooth surface.
They go through the sea as if she didn’t exist. Like a mist or an illusion… He stands suddenly.
- Where are you going?
He doesn’t answer. He merely grabs his coat, his umbrella, his shadow, and gets ready to leave.
- You’re not going to go out in a weather like this, are you? It’s snowing…
- It’s always snowing, here.
He stops three seconds, wants to ask a question that doesn’t cross his lips. Look at him – emptiness, void, inscrutable looks… In the end, he sighs.
The door shuts close behind him with a dry ‘click’.
- “Here”… But he has never known “elsewhere”.

The streets are empty. They have always been. He is the only one to walk on the pavement. He watches the cars go by – rare, silent, ghostly, making one wonder whether they have a driver – and he kicks cans that are lying on the street – where do they come from? The streets are perfectly clean, and really not busy. The pavement is made of white marble, smooth and glossy, and it reflects the sharp rays of the sun on the days there are any, which would blind the passer-bys if there were any. There isn’t a single grain of dust, a single spot of ink. Even the snow drops softly onto the cold marble, whereas it storms upon the concrete with forceful impetus. His feet fall on the frozen ground without leaving any hint of his passing.
He stops in front a one of the shopping malls of the city. He has been there before, once, and he had been alone. The security cameras had stared at him coldly, and from time to time a female voice had resounded through the mall to announce… nothing. Nothing that made any sense. He had come across two cleaning ladies who were wiping with determination a huge sparkling window, which really hadn’t needed any cleaning.
He looks at his image in the window of a shop selling clothes of an array of shimmering, indecent colours, which nobody ever buys. He observes his own foreign look. He is exactly like everyone else, but in spite of that, his eyes seem to clash with his surroundings. They clash with the city, with the snow, with everything. His hand holding the umbrella is like a blinding shine – or a dark hole. His features – knives stabbing with violence, splinters for the eyes… Eyes. His are black. Cold. Distant. Sad? Yes, sad, maybe… He isn’t tall, but something in his stance makes him a giant – a shadow, weaved from the tears of a mysterious melancholy, or from steps of stone and steel. He sometimes seems to carry a heavy burden – secrets, broken wings, weight of many lives? – but, still, he walks straight. There is also something deeply nonchalant in his movements, like weariness, or confusion. Intriguing. He moves closer to the image, meets his own gaze. He waits. He doesn’t understand himself. Is it his fault, or is it the reflection that isn’t faithful?
He looks away, his fist tightening on the handle of the umbrella, and his feet lead him away. He can almost feel it, this weight on his shoulders – like wings that one drags, or memories that stick to one’s skin…

He arrives in front of the beach, this beach which all the buildings turn their back to. He stares at it, behind the high wire fence that blocks everything: the wind, the sound, the people. It stretches over ten metres, in a gentle slope that collapses suddenly, like a landslide. The sand is white, so white, of a colour that calls murder and blood. The snowflakes melt as they touch it. Shivering. He would like to know more, to get acquainted with the sand… Its thinness – would it feel like powder or like dust? – its smell – livid corpse or ground bones? – its touch on the skin – burning like the snow or cold like the city? – the echo of the grains flowing – clepsydra, avalanche? – its rustling under his feet… Ah… To walk barefoot on the sand, to sink into the sea… To dissolve… Why not? But he doesn’t do it, without knowing what is stopping him. Guilt coming from who-knows-where, or deep-rooted fear… So he just stares at this dead scenery, those steely colours, and the path of the snowflakes that reach the surface of the ocean to become one with the water, without disrupting the silver plane. Not a single wave…
A few metres away, a man without umbrella is looking at the same scenery and there is in his eyes a frightening glint, inferno or sharp blade…

wouah! Hehe je me rends maintenant compte que tout mon vocabulaire anglais sonne très creux ^^

Comme c'est très long, je pense qu'il faudra que je relise plusieurs fois avant de pouvoir faire plus de commentaire.

Un truc qui m'est resté en tête, c'est que tu utilises peu "picture", alors que j'aurai traduit beaucoup de choses avec ça, notamment dans la scène des miroirs, au lieu de images, et puis au tout début, sur la falaise, au lieu de photography.

Aussi, je sais pas mais je crois que j'aurai tendance à traduire "je crois" par "it seems" dans certaines phrases, comme dans "elles vont bientôt mourir, je crois"...

Je dois dois dire que le présent de narration, autant ça le fait en français, autant je trouve cela bizarre en anglais... Je n'écris presqu'au présent en francais, mais je crois que j'aurai tout traduit par du preterit... Ou c'est juste que j'ai l'habitude de lire du preterit?

En tout cas, thisa-chan suuuuugooooi! ^^

Je suis d'accord que "picture" est mieux que "Photograph" a ce moment-là. Mais par contre, "image" a un sens un peu différent. "Picture" est beaucoup plus concret, plus précis: a picture in the glass, ça serait un dessin ou une photo, on pense pas du tout à un reflet.

"je crois" = "it seems" Oui, si tu veux. Je trouvais que c'était intéressant stylistiquement, parce que le "je", c'est pas du tout un personnage, c'est toi (ou "moi", l'auteur). Ça donne une dimension de récit.

C'est vrai que c'est plus courant d'écrire au passé en anglais, mais le récit au présent, ça existe aussi, c'est pas bizarre. (Enfin, je trouve.)

Et, j'ai montré ma traduction à une copine, elle dit qu'elle aime beaucoup ton style, surtout ta description de l'image avec "SEA" sur l'ordi...

Internet! At last! I'm back on the web guys! hahaha

This is total rubbish. Or maybe not at the beggining, but i totally have to rewrite the end. When i get some inspiration. So it might take some time.

Well...

Be kind ^^

METRO

Le souterrain l’avait toujours fasciné. L’impression de s’enterrer vivant, mais de continuer à vivre néanmoins. Ce paradoxe humain qui consiste à s’isoler au maximum du soleil tout en s’inondant de lumière artificielle. Ce temps qui semble couler différemment là où rien ne peut servir de repère. Et puis cette profondeur noire du cœur de l’homme, ce côté obscur nié mais pourtant plus que présent. Envoutant.
Il allait à l’école en métro. Il partait à l’avance et rentrait tard, pour s’asseoir tranquillement sur un siège du quai et regarder le va-et-vient perpétuel de la masse grouillante, cette vie souterraine, concentré d’humanité, (com)pressée, bruyante. Ceux qui attendent en faisant les cent pas, grommelant dans leur barbe jusqu’à ce que le métro arrive, et qui se ruent sur l’entrée comme si leur vie en dépendait. Ceux qui patientent tranquillement, debout et le regard dans le vide. Ceux qui écoutent de la musique, et qui montent dans la rame comme s’ils passaient une porte vers un autre monde. Ceux qui descendent l’air perdu, comme si une main d’une toute puissance maléfique les avait jetés dans une station inconnue. Ceux qui sortent pressés, le pas rapide, l’œil inquiet, et la main crispée sur leur sac. Ceux qui oublient de descendre. Ceux qui bousculent…
Mais, plus fascinant encore, il y a ceux qui attendent le métro pour ne jamais y monter. Ceux-là restent sur le bord des rails, le regard lointain, non pas vide, mais bien au contraire, plein à ras-bord, sur le point de déborder d’un liquide noir de douleur, ou rouge de fièvre.
Ceux-là il les repérait du premier coup d’œil, à leur démarche lente et lourde de sens, à leurs yeux noircis, à leurs lèvres closes. Il les détaillait, taille, sexe, âge, origines, milieu social. Il les observait se mettre tout au bord du quai, et y rester immobiles, jusqu’à ce que se fassent entendre les premiers grincements des rails. Là, un tremblement excité ou effrayé s’emparait d’eux. Puis le métro s’arrêtait, et ils étaient toujours là. Certains restaient, et répétaient le même processus, d’autres, conscients de ne pas être prêts, s’en allaient, une lueur de soulagement venue ternir leur beau visage serein.
Aucun n’était jamais passé à l’acte. Cela l’intriguait. Et le décevait.

Je ne suis pas un serial killer. Je ne choisis pas ma proie selon des critères stricts. C’est plutôt elle qui m’appelle, ses épaules qui invitent, ce corps qui aspire à la chute, et ce regard de déjà-mort. Je ne planifie pas tout à la minute près, au centimètre d’écart. Mon geste n’a rien de mécanique, il est plutôt naturel. Un petit coup au niveau des omoplates, une caresse, un effleurement, douceur presque amoureuse, en tout cas, rien de trop brusque. Dans la masse qui se bouscule, cela passe inaperçu, toujours. On pousse quelques cris d’horreurs, et puis on déplore une vie qui, au fond, nous est tout à fait égale. Le cycle momentanément interrompu reprend, la prochaine rame arrive, et on plaint ce temps perdu, tandis que l’on oublie ces os blancs moulus sur les rails. La police ne pense pas au meurtre. Profil de suicidé implique suicide. Equation simple qu’ils jugent inutile de compliquer. On leur accorde une ligne dans le journal, le nom aussi écorché que les restes de corps. Et c’est fini. Et tout revient à la normale.
Et moi, je ne trouve pas ce que je cherche…

Elle était différente, il l’avait vite remarqué. Différente de tous ceux qu’il avait observés. Mais elle leur ressemblait beaucoup, d’une certaine manière. Elle marchait lentement, elle aussi, dépassant la ligne de sécurité dans une sorte d’appréhension refoulée. Mais cependant ses talons résonnaient à peine, et son dos était droit. Elle se tenait tout au bord, elle aussi. Mais elle avait un sac, et elle était bien habillée (élégante, en robe rouge – rouge comme ses lèvres – et talons hauts, les cheveux châtains en queue de cheval, les ongles longs et les doigts fins, d’une finesse noble, mais à la limite du macabre) alors que les autres venaient négligés, les cheveux en bataille et les mains vides, parce qu’un corps en morceaux ne peut rien emporter, ou du moins semblent-ils le croire. Elle avait un visage serein, elle aussi, un visage aux traits réguliers, fin, et rond, et au même teint pâle. Mais il y avait dans ce visage quelque chose de plus acéré, quelque chose de plus violent (cette pâleur de vampire, peut-être), et à la fois de plus doux (ces courbes du visage, sûrement). Elle gardait les lèvres closes, elle aussi, dans ce même désir de ne rien laisser échapper. Mais il y avait chez elle comme un imperceptible sourire, qui ajoutait à son allure une assurance qui faisait défaut aux autres. Et puis il y avait son regard, aussi. Ces yeux qui n’étaient en rien noircis, mais cependant d’une sombre profondeur. Ces yeux d’un bleu de nuit, qui ne fixaient rien et fixaient tout, et qui semblaient dire « moi, je sais ». Savoir quoi ? Peut-être, ce que tous les autres n’avaient osé défier.
Elle ne cillait pas lorsque le métro arrivait, ne bougeait pas d’un millimètre tandis qu’il s’arrêtait sous son nez, et entrait dans la rame d’une simple enjambée.
Bientôt, il n’y eut pour lui que « elle », et « les autres ».

C’est la deuxième fois que je la vois. La deuxième fois qu’elle descend les escaliers de ce même pas lourd. La deuxième fois que je croise ce regard lointain, et triste, et noir. Je la suis des yeux, et je la détaille discrètement.
Elle porte un jean bleu délavé, un T-shirt blanc et simple, au dessus duquel elle aurait certainement mis un petit gilet sans manches, en temps normal. Des baskets noires. Rien dans les mains, aucun bijou ; les cheveux raides et longs dénoués, et cependant pas négligés – lisses, brillants, si j’étais plus près je suis sûr que je pourrais sentir l’odeur de son shampoing. Je lui donne au plus vingt ans. Une étudiante sûrement. Une fille du genre à traîner avec des gars, vu ses mains dans les poches, son dos courbé, et ses pas larges. Elle a un visage agréable à voir, non pas belle, mais au sourire très certainement charmeur, si seulement elle souriait – ah, et si son visage était moins creusé. Un teint très légèrement halé, qui avec la souplesse de son allure et la finesse de son corps, trahit son côté sportif. Elle regarde droit devant elle; quelque chose dans la lenteur de ses gestes me dit qu’elle n’a pas l’habitude de descendre en ce monde qui est mien.
J’essaie de déterminer ce qui la pousse à agir ainsi. J’imagine mal un chagrin amoureux, un échec scolaire, professionnel, ou une quelconque débilité de ce genre, qui cependant inspirent tant. Son regard est plus déterminé que celui des autres, plus fiévreux que larmoyant, et je sens en elle une tension de corde sur le point de céder. Dans ses poches, ses poings doivent se serrer jusqu’à s’en couper la circulation.
Elle est soudainement prise d’une quinte de toux. Ah, c’est donc cela…
La rame va bientôt arriver. Je me lève et je m’approche innocemment d’elle.
Le train arrive. Je la vois, devant moi, tressaillir un peu – léger tremblement qui remonte l’échine. Elle a sorti les mains de ses poches. Je la vois faire un pas en avant, la sens serrer les dents, peut-être même fermer les yeux. Mais je sens aussi la tension baisser. C’est le signe avant-coureur de l’échec.
Je m’approche encore un peu, feignant vouloir monter plus rapidement – il n’y a plus personne entre nous. Je suis tout près d’elle maintenant, et le train aussi. Si elle veut sauter, c’est maintenant ou jamais. Elle fléchit un peu les genoux, prête, mais je sais qu’elle ne le fera pas. Je lève à peine un bras. Petit coup sec au milieu du dos, discret. Ses cheveux longs me cinglent le visage et je hume le parfum de son shampoing – tropical. Dans un réflexe, elle se retourne, tandis que son poids l’entraîne en arrière. Puis plus rien. Lumière/vert/lumière, font les wagons de métro. Note de rouge…
Juste le temps de happer son regard. Ses yeux écarquillés, ses pupilles dilatées.
Surprise. Tristesse. Regret. Terreur. Soulagement. Incompréhension.
Mais pas ce que je cherche…
Lumière/vert/lumière…

Elle était devenue un sujet de fascination pour lui. Un mystère. Peu à peu, il ne se contentait plus de la regarder de loin. Tous les matins, il guettait son arrivée. Elle ne venait pas souvent, comme si elle ne travaillait que quelques jours par semaine, voire par mois, mais quand elle venait, c’était aux heures de pointe. Elle descendait toujours le même escalier, qu’il fixait jusqu’à apercevoir ses pieds, tant et si bien qu’il finit par connaître toutes ses chaussures- les rouges, les talons noirs et élégants, les converse grises, les bottes d’hiver, les fines bottines, les extravagantes chaussures bleues, les ballerines… Une fois qu’il les avait repérées, il se levait, ajustait son cartable et ses écouteurs, et arrivait nonchalamment près d’elle, à deux mètres à peine. Il entrait dans le même wagon qu’elle, trouvait un angle mort de son champ de vision qui lui permettait de l’observer minutieusement – gestes, moues, tics, expressions, silences… – sans qu’elle ne se doute de rien. Une fois à l’intérieur, elle sortait de son sac une enveloppe de kraft, jamais la même à en juger la longueur variable de l’adresse et la couleur changeante des timbres, puis elle en vérifiait rapidement le contenu, sans pour autant le sortir. L’enveloppe était vite rangée, le sac fermé, puis elle ne bougeait plus du trajet, comme plongée dans quelque songe profond. Lorsqu’elle était assez proche de la fenêtre, elle observait les rails souterrains avec un franc sourire, dévoilant des dents aux ombres sanglantes. Sinon, elle avait un regard plus sombre, plus concentré, et parfois un éclair inquiétant le traversait. Même s’il y avait place assise, elle ne la prenait pas, fusse-t-elle à la fenêtre. Elle ne sortait jamais à la même station, mais le plus souvent, c’était avant lui. Une fois encore, la fluidité de son pas à travers le flot de personnes le fascinait. Il regardait les derniers pans de sa robe, de sa chemise, de son manteau, de son pantalon disparaître, et la porte se refermer sur sa silhouette fine.
Tous les matins.
Observer les morts vivants, et attendre patiemment qu’il y en ait un pour avoir le courage de passer à l’acte.
L’observer elle, et essayer de comprendre de quel côté, en fin de compte, elle se trouvait...

C’est son pas qui attire mon attention. Plus bruyant que ceux des autres, il semble ferré à la militaire. Rythmé. Déréglé. Je tourne mon regard vers les escaliers. Des chaussures noires au cirage implacable apparaissent. Le bas d’un pantalon gris, parfaitement repassé. Une main forte, serrée, comme prête à frapper. L’autre n’est pas visible. Une veste assortie au pantalon, ajustée comme il le faut. Une chemise d’un blanc tapageur, une cravate stricte et étouffante. L’autre main apparaît enfin, elle tient une bouteille de vin, et la garde à hauteur de lèvres. L’homme finit sa gorgée, baisse le bras, découvre sa mâchoire tendue, ses traits taillés, ses yeux clairs et durs. Il descend une marche de plus, et je distingue le tranchant net de sa raie dans le blond de ses cheveux.
Il a le regard effilé comme une épée de justice. Il ressemble à une statue de marbre pur, et le vin est comme une fissure dérangeante s’étendant sur tout le long du flanc. Il lui laisse sûrement dans le fond de la gorge un avant-goût de chute. Je vois que trop bien les raisons qui le poussent à se diriger vers les rails. Des raisons de jade et de glaise…
Il me semble que je n’aurai pas à intervenir, pour une fois. Que je pourrais rester calé dans mon fauteuil et le laisser faire, et profiter du spectacle, un peu. C’en est presque… ennuyant.
Mais peut-être que je me trompe.
En voilà un là-bas, au regard fuyant comme l’eau et aux gestes furtifs. Il laisse ses doigts s’égarer au fond des poches des autres, le plus naturellement du monde. Il est jeune, sûrement con. Un coup de coude maladroit le révèle au monde. Il s’enfuit, le butin en mains, serré contre son cœur comme si sa vie en dépendait, le regard affolé et le pas fou. Les cris de la femme sont stridents et désagréables – ils me donnent presque envie de la faire taire. Le voleur espère être assez rapide et suffisamment proche de la sortie pour pouvoir s’en tirer avant que quiconque ait le temps de réagir. Je repose mon regard amusé sur le marbre de l’homme. Il ne bronche pas, les yeux fixés sur le jeune qui se dirige vers lui. Nonchalamment, il rebouche sa bouteille. Et d’un geste leste, la lance. Elle l’atteint à la poitrine, le renverse tout en se brisant sous le choc. Le vin s’étend sous lui comme une flaque de sang dilué. Il a lâché sa prise, et essaie de se relever pour s’enfuir. Mon militaire ne lui en laisse pas le temps. En trois grandes enjambées, il est sur lui, et le cloue au sol du pied.
– Sois sage, gamin.
Sa voix est forte, et pousse à l'obéissance. Le jeune se débat quand même, et se met à pousser des cris et des gémissements tout aussi désagréables que ceux de la femme – qui, par ailleurs, n’ose pas s’approcher pour reprendre son bien. Il lui faut le froid du canon contre son front pour qu’il se taise, les yeux ronds et le visage crispé. Tout autour, les regards se figent. Ils attendent le souffle court le tonnerre qui vient après l’éclair. Angoisse ou impatience ?
– Là. C’est bien.
Le flot d’acide de son ton semble le soulager, ou l’aliéner. Je suis sûr qu’il s’amuse beaucoup à s’appuyer sur sa jambe, à enfoncer de sa semelle de cuir l’un des nombreux pendentifs du jeune dans sa poitrine.
Au loin se profilent quelques agents de la gare. Il perd son sourire instantanément, et s’éclipse au plus vite. Il a la main crispée sur son arme, qu’il ne range pas, d’ailleurs. Je sens que s’il y a une suite au spectacle, c’est bien de son côté qu’elle se trouve.
Je le suis.
Couloir blanc et désert, éclairé par des néons mégalos. Son pas ralentit, et il perd son rythme. Il s’arrête enfin, s’appuie contre un mur, se laisse glisser à terre.
Je l’entends presque s’effriter, ce marbre déjà entamé… Seule la main qui tient l’arme semble encore fière comme au sortir de la taille. Le contour de ses doigts, blanchis, se détache nettement du reste. Il a l’index sur la gâchette, décidé. Les traits de son visage tremblent très légèrement. J’ai l’impression que malgré toute sa volonté, il n’arrivera pas à mouvoir ses muscles raides.
Je m’approche. Il lève les yeux et me regarde. Il a l’air d’un petit garçon perdu qui se retient de pleurer. Je lui souris et prends, avec une extrême douceur, son flingue par le canon. Il a tout d’abord un geste de recul. De mon autre main, je détache l’étreinte de ses doigts. Il ferme enfin les yeux et se laisse faire, sa peau glissant le long du cran jusqu’à ne toucher que le vide. Peut-être savoure-t-il cette dernière morsure, peut-être la pleure-t-il. Il a toujours le visage tourné vers moi, bien que les paupières closes.
Je retourne l’arme pour la tenir à l’endroit. Le cran de sécurité est déjà enlevé. Je tends la main, et pose la bouche du canon contre son front. C’est la mort qui vient l’embrasser amoureusement, ou l’aspirer dans un trou béant.
– Regarde-toi. Regarde dans le fond de mes yeux la beauté de ton visage serein.
Il reste silencieux quelques secondes, puis ses lèvres s’étirent en un fin rictus qui laisse à peine filer un sifflement acide.
– Dis-leur que je les emmerde tous…
Ses yeux dans les miens, le chien contre la balle, et l’onde de choc dans mon bras…
Sulfure, vin, poison, insolence, cynisme, soulagement, désespoir et regret…

Il avait quatorze ans, ce jour là. Il s’était réveillé, et il avait su qu’il la verrait, et que ce serait la dernière fois. Une immense tristesse l’avait envahi.

Je suis, comme d’habitude, assis sur le quai de la gare, le regard à l’affut. Cependant, j’ai l’impression d’être moins naturel qu’à l’accoutumé. Le dos plus droit, les muscles plus raides, et le regard plus fuyant. Je ne comprends pas les raisons d’un tel comportement, et ça m’énerve. Mon corps refuse de se détendre, et mon regard semble chercher autre chose. Même mon cerveau semble embrumé, rêveur, en tout cas je suis incapable de me concentrer. Je me foutrais bien une baffe mais j’ai déjà l’air suffisamment inquiétant comme ça. Je pense que même si je devais repérer quelqu’un, je ne pourrais bouger. Cela ne fait que redoubler mon agacement.
– Tsss, fais-je à l’arrivée du métro, en me levant pour le prendre. Une petite fille qui sort par la porte que j’emprunte me regarde avec de grands yeux. La porte se referme sur son visage pâle et sur sa jupe rouge.
La rame démarre. Alors que les lueurs de la station disparaissent dans le tunnel, mon corps se détend, et je remarque enfin la sueur qui perle à mon front, et qui glisse le long de mon dos. Je saisis le sens de ce comportement, ce qui me fait bien sourire. Malaise inconnu du prédateur qui devient proie.
Ainsi, on m’observe…

Assis sur le quai, il ne la chercha même pas du regard. Les yeux baissés, il attendait le claquement de ses talons. Elle serait en rouge, robe chemise, serrée à la taille par une ceinture de cuir tressé dont l’une des extrémités pendrait sur le côté, se balançant au rythme de ses pas. Il en était certain, comme seules les feuilles d’automne peuvent l’être.

Le flingue est lourd, et froid, et anguleux, et rassurant. Grisant…
Je le glisse chaque matin entre ma chemise et ma veste ; son contact au creux de mes reins est léger et dur, comme les ongles jaloux d’une amante. Tout mon corps se redresse, et je pense qu’au fond de mes yeux s’allume un nouveau feu, et peut-être aussi un nouveau désir ; c’est ce que reflètent les regards qui se détournent sur mon chemin.
Mes gestes prennent une nouvelle ampleur, plus de force, quelque chose de tyrannique, un zeste de miséricorde ; c’est ce que refusent de murmurer les lèvres qui se ferment à mon passage.
De mes pieds je foule une autre terre, un monde qui m’appartient, ou que je domine du moins, parce que c’est à moi que revient le choix de le figer, de le foudroyer, quand je le voudrai, où je le voudrai ; c’est ce que craignent les pas qui se pressent à mon approche.

Qu’aillent mourir ceux qui disent que dans leurs poches, mes mains tremblent chaque jour un peu plus, telles les feuilles qui sentent venir l’hiver…

Il ne l’avait pas attendue longtemps. Il l’avait entendue venir de loin. Son pas était-il plus lourd, plus lent ? Il résonnait plus, en tout cas…
Le rouge de sa robe, n’était-il pas plus sombre ? La ceinture de cuir se balançait moins, avait plus tendance à en suivre les plis, comme de l’encre, comme du sang.
Etait-elle plus petite ? Peut-être avait-elle courbé son dos, bien que cela ne lui arrive jamais. Peut-être ses talons étaient-ils moins haut. Peut-être avait-il grandi, depuis qu’il l’avait vue pour la dernière fois.
Et son regard, il était pourtant certain qu’il était bleu… Bleu comme les nuits étoilées le sont parfois, pas noir, pas comme la nuit des chambres closes, ni celle des cœurs éteints.
Et ses mains, elles paraissaient plus froides et plus raides, comme de la glace fragile, frêle…
Et son teint, devenu plus pâle, si pâle…
Et elle gardait ce visage noble et serein, bien qu’une ombre soit venue ternir son front, et ses lèvres ensanglantées s’étiraient en un fin sourire…
Résignée…?

Je dois m’y faire, je devrais bien m’y faire. Bientôt l’angle du cran qui m’entre dans le flanc ne suffira plus pour m’apaiser. Ma main s’en approche toujours un peu plus, feignant s’abandonner à la gravité.
Je crois que je perds mes réflexes habituels, et que quelques instincts de fuite me rattrapent, retiennent mon souffle, accélèrent mon pouls, alourdissent ma tête. Je rythme de plus en plus mes pas, pour mieux distinguer ceux qui ne sont pas miens, et deviner ce qu’il y a derrière moi, en nombre et en nature. Je force cependant mon échine à rester droite ; je serre au maximum ma cravate, boutonne tous les boutons de ma chemise, pour étrangler aux extrémités les tressaillements qui me prennent parfois de court. Mes doigts doivent rester habiles, bien qu’un froid intense se soit saisi du bout de mes phalanges, comme si déjà le sang n’y affluait plus.
Je serre tellement les dents que l’angle de ma mâchoire doit saillir et craquer. Le miroir me renvoie chaque jour un regard plus sombre et plus noir. Mes paumes gardent la marque de mes ongles. Oui certes je tremble, parfois, quand l’air qui fuit la rame mord un peu trop fort, quand les néons au-dessus de ma tête clignotent de vieillesse, quand la petite fille, toujours la même, me regarde un peu trop intensément. Oui, certes, j’hésite, parfois, quand j’entends résonner sur le quai les pas des vies qui veulent s’étaler sur les rails, quand je les vois se placer au-delà de la limite de sûreté avec un petit frémissement impatient, quand mes mains vont caresser leurs épaules, et que mes yeux rencontrent les leurs. Mais je ne m’y ferai pas, non, je ne me rendrai pas, je ne laisserai pas une nouvelle routine s’imposer.
Je ne me résignerai pas.

Il s’était levé, ses yeux secs s’abreuvant le plus possible de cette vision.
Il s’était approché d’elle, lentement, le regard fixe.
Il avait tendu la main, comme pour toucher la robe et se teindre le bout des doigts.
Léger râle, du fond de sa gorge…

La rame arrive.
Les néons clignotent.
Mes doigts se rétractent.
Comme il fait froid…

Elle s’était retournée.
Ses yeux parcouraient son petit corps, détaillaient la courbure de ses sourcils et le trait fin de ses doigts.
– Quel âge as-tu, petit ?
Il n’avait pas répondu.
Elle avait sourit.

De petits doigts fins et froids, contre mon dos, qui retirent d’un geste délicat le flingue à ma ceinture.
C’est comme un poids qui tombe à terre. Si soulageant…
Je me retourne.
Elle me regarde de ses yeux écarquillés, sa peau pâle, sa robe blanche, le noir de l’arme entre ses doigts si frêles que je me demande pourquoi ils ne s’effritent encore pas… C’est une créature qui ressemble à ce que j’ai été, il y a si longtemps. Qui me ressemble toujours, sûrement, en un certain sens. Si petite, mais certainement plus mûre qu’elle ne le parait. C’est ainsi. On vieillit moins vite, quand on n’aime pas le soleil.
– Quel âge as-tu, petite ?
Elle ne répond pas, et se contente de lever l’arme avec l’aide de sa deuxième main, de la pointer sur moi, et je vois parfaitement le tunnel du canon, comme le tunnel du métro. Tout autour, le silence s’est fait. Et c’est tant mieux. J’entends les rails grincer. Je ne peux m’empêcher de sourire.

Il s’était encore un peu approché.
Un courant d’air. La robe rouge avait flotté, un peu, élégamment, et elle n’avait fait aucun geste, et ses cheveux lui volaient dans les yeux, et ceux-ci étaient presque tendres.
Un coin de son champ de vision commençait à devenir aveugle de lumière, et il sut que c’était le moment.
Et ses doigts étaient légers, et doux, et il avait sourit lui aussi, tendis que ses paumes ne rencontraient aucune résistance, et qu’elle tombait, et même dans sa chute elle était belle et confiante et si différente de ce qu’il pouvait attendre d’une chute, s’abandonnant complètement à la gravité, comme les feuilles se rendent avec grandeur à l’hiver.
Ses yeux avaient trop bu et n’étaient plus secs.

La douleur est vive, et le sang est rouge.
Je ne crois pas avoir entendu la poudre prendre feu, seulement le doux glissement de la rame sur ses rails rouillées. Je ne pense pas avoir vu le canon cracher ses flammes, juste la froide lumière de ces néons qui ne me regretteront pas. Il ne me semble pas avoir senti autre chose que la balle dans ma poitrine, le dernier souffle de mes côtes, et la joie de mon cœur…

La rame l’avait emportée, déjà, tout était fini, déjà, et à ses pieds rien qu’une flaque de sang, rouge, si rouge que c’en était presque irréel.

Mon regard retombe sur la petite fille, ses mains tenant si naturellement le flingue, ses cheveux volants sous l’effet du courant d’air, sa robe à moitié écarlate.
Ah, comme ma joie est vive, et comme mon sang est rouge…

Tout était passé si vite. Ses mains déjà avaient oublié le contact du tissu, le froid de sa peau, ses poumons avaient déjà perdu son dernier souffle.
Seuls ses yeux se souvenaient encore, de ce qu’ils avaient lu, dans ses iris bleus et noirs…

Ses yeux dans les miens. Je voudrais sourire, mais c’est inutile, ma dernière expression s’étant figée sur mon visage. Que lisent ses iris verts dans le sillon de mon sombre regard ? Ah, mais je sais déjà…

Juste un murmure complice glissé du coin des yeux…

Je fais un dernier effort pour lever un bras, tandis que le rideau de mes paupières tombe.



Shhhh…

Bon, niveau fautes, j'ai du en faire plein... excusez moi ^^

Wow!! C'est trop bien écrit!! Et l'histoire est vraiment intéressante. J'ai adoré la partie avec le vieux militaire, mais ça aurait été plus cool si il n'avait pas parlé. ^^

En tout cas, maintenant on sait la cause de la nouvelle vague de suicides...

hehehehehe, moi y etre pour rien ^^

j'aime po les métaphores sur les feuilles d'automne en fait, je trouve que ca n'a rien à faire là dedans, et de manière plus générale, la fin est nulle