Spirits' World
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Spirits' World

Lorsque les Esprits controlent le monde
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
Voir le deal
600 €

 

 Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru

Aller en bas 
5 participants
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6
AuteurMessage
Arthisa
Esprit de Lumiere
Arthisa


Nombre de messages : 572
Age : 31
Metier : Esprit de Lumière
Date d'inscription : 05/01/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptyVen 13 Nov - 19:36

Euh... La première, "certain, comme seules les feuilles d'automne peuvent l'être" est assez étrange, mais les autres je les aime bien, surtout "comme les feuilles se rendent avec grandeur à l'hiver". Elle est vraiment bien. Very Happy

Et qu'est ce que tu racontes, elle est bien la fin. Elle est très originale, innatendue. ^^
Revenir en haut Aller en bas
Tiefug

Tiefug


Nombre de messages : 343
Experience : messages + 0
Niveau : euh.... normal d'après mon expérience
Metier : Mathématicien
Date d'inscription : 31/03/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptyDim 15 Nov - 5:01

Je trouve ça super! Et niveau faute j'en ai vu qu'une (à la première lecture en tout cas) c'est "il raisonnait plus, en tout cas" que j'ai corrigé en "il résonnait plus, en tout cas"...

Franchement j'ai beaucoup aimé cette histoire même si c'est vrai que la première métaphore des feuilles d'automne est chelou, les autres sont parfaitement à leur place et je trouve qu'en fin de compte c'est pas plus mal, qu'on comprenne pas au départ pourquoi les feuilles d'automne...
Revenir en haut Aller en bas
Tiefug

Tiefug


Nombre de messages : 343
Experience : messages + 0
Niveau : euh.... normal d'après mon expérience
Metier : Mathématicien
Date d'inscription : 31/03/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptyMer 5 Mai - 5:34

Euh en fait apparemment je ne vois les fautes qu'au transfert dans le doc Ecrits de Spirits... Mais d'un autre côté ça veut dire que les fautes sont suffisamment subtiles (ou liées à des règles complètement stupides : par exemple les "–" doivent être précédés et suivis d'un espace) pour ne pas être visibles à la première lecture. Ca veut aussi dire que c'est suffisamment prenant pour qu'on n'y fasse pas attention : donc une très bonne histoire.

Comme je fais un travail d'éditeur, j'ai quand même quelques questions ^^ :
Tu as écrit : "J’imagine mal un chagrin amoureux, un échec scolaire, professionnel, ou une quelconque débilité de ce genre, qui cependant inspire tant."
Je pense que tu voulais dire "qui cependant en inspire tant" ou quelque chose dans le genre, non ? Enfin si ce n'est pas le cas ce n'est pas grave, en tout cas je ne l'ai pas corrigé ni ici ni dans le doc sauf si tu me réponds que oui.
Aussi "Je pense que même si je devais repérer quelqu’un, je ne pourrais bouger. Cela ne fait que dupliquer mon agacement." Voudrais-tu changer "dupliquer" en "redoubler" ou un autre mot ? "Dupliquer" me semble bizarre ici...
"Je ne crois pas avoir entendu la poudre prendre feu, seulement le doux glissement de la rame sur ses railles rouillées." J'ai changé "railles" en "rails" je pense que c'est ce que tu voulais dire, mais si c'était "railles" dis-le je remettrai.
Oh et j'ai corrigé mais c'est une remarque pour toi pour la suite, tu as utilisé plus d'une fois "sers" au lieu de "serre" (du verbe serrer et non pas servir)... Essaye de ne pas refaire la même chose ^^
Revenir en haut Aller en bas
Yoru
Esprit de l'Ombre
Yoru


Nombre de messages : 717
Date d'inscription : 04/01/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptyVen 7 Mai - 8:13

Ah effectivement j'avais pas remarqué ça ^^ donc oui, rails, et pas railles. Dupliquer ne me choque pas mais maintenant que j'y pense, c'est peut-être un anglicisme. Quant à "qui inspire tant", je trouve que ça revient au même, de mettre ou de ne pas mettre le "en", et je crois que je préfère sans, mais après c'est peut-être incorrect?
Revenir en haut Aller en bas
https://worldofspirits.forumsrpg.com
Arthisa
Esprit de Lumiere
Arthisa


Nombre de messages : 572
Age : 31
Metier : Esprit de Lumière
Date d'inscription : 05/01/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptySam 8 Mai - 1:28

Tiefug is nitpicking again...
Mais j'avoue, j'avais pas remarqué "dupliquer". C'est un mot, je crois... (uh...?) mais ça veut pas dire "copier"? "Redoubler" m'a l'air mieux. Après...
Revenir en haut Aller en bas
Tiefug

Tiefug


Nombre de messages : 343
Experience : messages + 0
Niveau : euh.... normal d'après mon expérience
Metier : Mathématicien
Date d'inscription : 31/03/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptySam 8 Mai - 5:14

I am not nitpicking!! I'm just... I'm... uh... I guess I'm nitpicking then. Is it a bad thing? ^^

Oh et dupliquer veut bien direcopier ou répliquer, "créer un double" littéralement je pense... Donc je change ou pas ?

Le problème avec "qui inspire tant" c'est que ça veut dire (pour moi) que ces problèmes inspirent (F... comment ai-je pu manquer ça ? Je pense que c'est censé être un pluriel le "qui" à cet endroit non ?) des choses, "tant" de choses, à des gens. Ca fait affirmation générale, comme "L'aventure est tellement excitante." ou "L'aventure excite tant." (sous-entendu un peu tout le monde ou une majorité) ou "L'aventure inspire tant." i.e. "Tant de gens et choses sont inspirés par l'aventure."

Je n'explique pas très bien je crois... Enfin si t'as pas compris laisse tomber, si t'as compris dis-moi ce que t'en penses ? Je vais changer de ce pas le pluriel du verbe à cet endroit...
Revenir en haut Aller en bas
Yoru
Esprit de l'Ombre
Yoru


Nombre de messages : 717
Date d'inscription : 04/01/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptySam 8 Mai - 6:00

Oui, change dupliquer s'il te plait ^^

Euh... I see your point, yet, I'd rather leave it that way ^^ je voulais que ça fasse: "hey, j'ai des problèmes, maintenant je peux aller me suicider!" sur le ton de "hey, j'ai une histoire, maintenant je peux me mettre à écrire!".
Revenir en haut Aller en bas
https://worldofspirits.forumsrpg.com
Yoru
Esprit de l'Ombre
Yoru


Nombre de messages : 717
Date d'inscription : 04/01/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptyVen 25 Juin - 22:50

Un truc que j'ai commencé l'année dernière (c'est déprimant, comme je suis lente pour écrire!!!! ><). Pour être claire, je n'aime pas du tout ce que ça donne, il n'y a pas de continuité, ni au niveau de la qualité, ni au niveau du registre de langage. Je trouve mon vocabulaire ultra restreint, et les phases de combat sont trèèèès mal décrites (cause i'm really shit at describing anything...).
Pour ce qui est de l'histoire, il s'agit disons d'une transition entre deux histoires... Quelques détails de ce monde sont encore à revoir, et j'ai un tas de noms qui manquent... Et parmi ces détails et noms, il y en a qui devraient apparaître dans cette histoire, DONC, ça veut dire qu'un jour ou l'autre, il faudra que je complète voire réécrive toute la nouvelle... ouiiin... Enfin bon, j'ai suffisamment planché dessus pour l'instant, je la poste et on verra bien...


PHENIX


Regarde… Il ne me reste plus beaucoup de temps.
Tais-toi.
La lame s’use, ternit. Elle pèse de plus en plus lourd dans ma main.
Tais-toi, je te dis…
Elle se raie et se fend. Des fissures s’étendent sur tout son long, et tracent des mots.
Cesse de sourire, idiot.
« Owarida » …
Putain, arrête de sourire !


« Petit… »
Un murmure à l’oreille. Le petit grognement mécontent que je laisse échapper d’habitude lorsqu’il m’appelle ainsi me reste coincé dans la gorge comme la lame d’un couteau. Sa voix aussi m’a l’air plus rauque, plus étouffée.
« Tu as peur ? »
Je déglutis.
« Je le sens, moi… Dieux des mondes, est-ce possible de se battre contre cela ? »
Ferme les yeux.
« Est-ce seulement possible de prétendre se mesurer à cela ? »
Ah, ne peut-il pas se taire ?
Autour de nous, la plaine, à perte de vue. Rêche, sèche, austère. Parfaitement plane, comme la surface trompeusement calme d’un lac… Pas une plante. On dit que jamais femme-fleur ne poserait les pieds ici, sous peine de devenir folle. [Mais les femmes-fleur ne sont-elles pas déjà toutes folles ?]
De nombreuses armes tombées brisées. Pas un seul os. Une bouffée de vent [je les entends, les Brises, comme elles se moquent de nous… ]; la poussière dans les yeux. Les mains sur la bouche et le nez, le visage plissé. Face à nous, il me semble qu’il ne bouge pas. Seuls ses cheveux dénoués flottent dans le vent, cachent ses yeux, dévoilent un sourire inquiétant…

Tu sais choisir tes champs de bataille.
Un petit hommage. A toi. A moi.
Si tu savais…


Il jure avec le paysage, fente, fissure, discontinuité de notre espace. Dérangeant.
On dit qu’il n’est pas de chez nous, ni d’aucun monde connu. Ce doit être vrai. Le bronze de sa peau, le cristal ferré de ses yeux, le sombre oxymore de ses cheveux… Il est tout de métal et tout aussi acéré, comme une lame qui aurait transpercé les écrans des mondes pour finir par se ficher en nos terres avec un fracas de défi.
Onde de choc…
Il porte de vieux habits déchirés. Un pantalon d’un tissu inconnu, d’un bleu étranger, le bas complètement détruit, des traces de sang ci et là, des déchirures un peu partout. Une chemise blanche aux manches arrachées, d’une coupe différente des nôtres, plus fine, plus serrée, plus courte, plus aigue (boutonnée ?!), à moitié ouverte. Pas de ceinture. Pas de chaussures.
Cinq lames. Une à la main, fine et courbe, sans garde, fourreau et pommeau unis, craquelée. Une à la ceinture, cuir et corde, large et droite. Deux croisées dans le dos, noire et blanche, courtes, bois ciselé. La dernière au flanc, trapue et simple, droite et asymétrique.
Au poignet gauche un anneau de pierre au vert brumeux. A l’oreille droite, un anneau chaîné.
Sur la poitrine, trois plumes et un anneau, encore, tressé de fils cette fois. Pièges à regards, à regrets, à rêves ?

Ce rêve aura duré cinq ans. Me voilà de retour. Le même endroit, les mêmes habits. Je suis juste un peu plus vieux, un peu plus noir. Un peu plus beau, aussi, haha !
Imbécile.
De retour à la case départ, et j’ai fait plus qu’un tour. Les règles de ce jeu sont injustes. Où est mon argent ? Dans leurs fourreaux, dissimulé dans l’éclat de leurs épées…


Il a rit ! Sa voix aussi semble venir d’un autre monde – même l’air autour le sent, et en tremble, affolé. Elle est teintée d’un bleu lointain, aussi étranger que le bleu de son pantalon, celui d’un autre ciel. Et d’une folie, écarlate et brûlante, comme les rayons de la Capricieuse, éternelle témoin des combats voués à finir en bains de sang.

Les deux Dames nous regardent. La Bienveillante, comme toujours, et son sourire éclatant. La Capricieuse est venue exprès pour toi, pour la couleur de ton sang sur le Champ.
Il va falloir qu’elles me pardonnent, je n’ai ni habit de bal, ni tenue de deuil. Rien que mes haillons de baptême, trop petits pour moi, hélas. Mais le spectacle sera beau, c’est moi qui le dis.
Espèce de grande gueule…


Je serre les dents à cette pensée pour m’empêcher de gémir. J’ai contemplé à maintes reprises l’idée de mourir. Face à lui, ce n’est plus une simple idée. C’est une certitude… Et ciel, cela m’effraye, oui, me cloue sur place, et me fait perdre tous mes moyens. Bordel, et mon courage dans tout cela ? Et mes vœux, et mes pactes, et mes trophées ? Ce goût amer sur la langue… Ah, voilà… Je les ai avalés tout rond…
Indigestion…
- Le capitaine va parler.
Je retiens mon souffle.
Ma main fait glisser le métal d’un geste lent et résigné. Je place la lame à l’horizontale devant moi. Ma parentèle fait de même, dans une ultime tentative de se distancer.

Ils sont nombreux. Assez nombreux pour m’encercler et me cacher l’horizon. Mais ils tremblent tous plus les uns que les autres, comme des feuilles d’automne. Je t’ai parlé d’Automne ?
Tu m’as surtout parlé d’Hiver.
Mmh, injustice de ma part. Hiver ne serait pas ce qu’il est, sans Automne pour fêter sa venue. Automne porte les couleurs de la Capricieuse. Je crois que ces mots suffisent.
Amplement…
Ils tremblent donc, mais qu’est ce qui les fait trembler ? Ils ont l’air si fragilement démunis, comme cela, que j’en ai presque pitié. Crois-tu que l’éclat de mes lames les fera fuir ? Je n’espère pas. Je voudrai m’amuser encore un peu. Une dernière fois.
Tu ne penses qu’à t’amuser.
Il faut bien penser parfois, non ? haha !
Mais tu n’arrêteras jamais de… !
Shh ! On s’avance.


Le capitaine se fait remarquer d’un pas en avant. Il porte deux sabres en travers de la taille, des habits noirs et blancs, sans manches, qui dévoilent les tatouages de ses bras, arabesques aux angles durs entremêlées de courbes douces et suaves. Les marques de son visage sont doubles, ses yeux sont noirs. Il est de cette mystérieuse branche de ma famille qui porte deux couleurs. Il dit père au Veilleur et mère à la Bienveillante. Frère de notre Roi, il est également le chef de sa garde personnelle.
Mis à part tout cela, il est aussi mon maître d’armes.

- Shinn…
Sa voix est un murmure, je crois y déceler une certaine douceur, une once de douleur. C’est inhabituel, et cela me fait trembler. En face, le regard est perçant et le sourire plus large que jamais.
Mon maître marque un temps d’arrêt. Je sens qu’il a tout un flot de paroles à déverser, mais que ses lèvres laconiques n’arrivent tout simplement pas à suivre le rythme, et préfèrent par conséquent rester closes.
- Shush, ami.
La voix de l’autre est grave et j’y décèle un amusement tendre. Cela me crispe.
- Ne dis rien. Tu sais bien que tes mots sont toujours maladroits, parce que tes gestes sont grands.
Soupir.
- Il n’y a rien à dire, de toute façon. Tu vois clair dans mon cœur, mais je suis incapable de lire dans tes yeux. Dois-je te croire, lorsque tu m’honores du nom d’ami ? Mais je sais que de toi, je n’aurais jamais de réponse qui soit entièrement vraie, ni entièrement fausse. Je me contenterais donc de ce mot, à défaut d’autre chose.
- Les noms ne signifient pas grand-chose, là d'où je viens. On les balance à qui veut, comme on balance la bouffe aux chiens, et on les trahit comme si de rien n’était. Tu prononces mon nom comme l’on fait une prière, je t’appelle ami comme j’aurai pu t’appeler nemo ou lambda.

Tes paroles sont dures, sous ce sourire carnassier. Tes mains sauront-elles en faire autant ?
Mais oui, ne t’inquiète pas. Cela coulera tout seul.
Tu penses que ce sera lui ?
Je ne sais pas si je l’espère.


- Que cherches-tu encore, Shinn ? Mes frères t’aiment et te haïssent, moi-même je ne sais que trop penser. Tu nous as tant de fois blessés, et tant de fois aidés… Mes sœurs rient et pleurent lorsqu’on parle de toi. Qu’y a-t-il que tu ne nous as pas encore pris, ou que tu ne nous as pas encore donné ?
- Je voulais juste dire bye. C’est une chose qui se fait, chez nous, lorsqu’on arrive au pas des portes, ou qu’on est cloué au lit.
- Tu nous as dit de venir, et nous sommes venus, et tu savais pourtant que nous ne viendrions pas pour boire un peu de thé ou jouer aux échecs.
- Ah, mais c’est bien de jouer qu’il s’agit !
Silence.
- Shinn… Comptes-tu te rendre ?
Petit rire.
- Tu sais bien que non.
Main sur un sabre.
- Alors, tu comptes mourir.
Haussement d’épaule.
- Tout dépend du point de vue. Perso, je dirai que non plus.
Autre sabre.
- Soit. Tu comptes nous tuer tous.
Haussement de ton.
- Suis-je donc un monstre ?
Air faussement innocent.
- A bien des égards, oui.
Sourire amusé.
- Bah, tout dépendra de votre chance.
Je ferme les yeux. Et nous dans tout ça ? Et moi dans tout cela ? Je ne suis pas prêt…
« C’est bientôt l’heure. »
Je ne suis pas prêt !

Cela y ressemble ?
Beaucoup et pas du tout.
Sa main aura peut-être encore de la tendresse, mais ses lames sont sans pitié. Tu le sais, ça.
Of course.
Shinn… Ne me lâche pas.



L’éclat des lames nues de mon maître. Le signal. Tout autour de moi, on s’élance.
Je n’ai pas fait un pas, mon souffle est déjà coupé. Je reste bêtement planté là, les yeux écarquillés. J’essaie d’avancer un pied, mais j’ai visiblement perdu contrôle de mon corps.
Perdu est un grand mot.
L’ai-je jamais eu ?
Je ne suis pas seul. Je sens leur souffle suspendu, leurs yeux grand ouverts qui s’assèchent, leurs pieds trop lourd, leurs bras tremblants…
« Qu’est ce que tu fais! »
Mes dents refusent de laisser passer un son. Je ne peux que regarder.
Je suis cloué…
Je regarde…

C’est quoi cette blague ? Ouvre les yeux !
Shuuush… ne t’excite pas, Vamp’, je fais une petite expérience, c’est tout. Je teste ma mémoire.
Merde, grandis un peu !
Je ne vais pas crever tout de suite, t’inquiète. Ecoute plutôt, les pas qui se rapprochent, et les lames qui fendent l’air…
Les deux premiers coups me prennent des deux côtés, un pour le torse, l’autre dans le dos. Il me faut les éviter d’un quart de tour sur moi-même. A ma droite, le troisième coup, que je dévie avec mon sabre. Il faut en profiter pour lui attraper le bras, lui tordre le poignet, et parer le quatrième coup qui me prend sur le flanc gauche. Maintenant, faire un pas en arrière, me baisser alors que l’on vise la gorge, tout en dégainant. De cette position, bondir sur le côté pour esquiver les trois coups qui cherchent à me clouer à terre, parer une nouvelle attaque qui me prend de haut avec le bras droit. Défense brisée : coup net, à la gorge.
Premier râle, première pluie.
Tu en sens l’odeur ? Elle s’annonce torrentielle, en cette terre aride.
Voilà mon offrande à ce monde.
A toi…
L’échauffement est terminé.
Tout peut commencer…


Tout s’est passé très vite, leurs lames n’avaient pas fini de m’aveugler que l’une d’elles se teintait déjà de noir. Face à cette première victime, il y a comme un temps d’arrêt. Ou est-ce juste mon cœur qui a trébuché sur un battement ? Je vois les regards des miens converger vers ce corps qui tombe à genoux, les yeux raides, les lèvres encore entrouvertes d’une stupeur imprononcée. Son bras esquisse un dernier geste, comme un dernier effort pour repousser la torpeur qui s’empare de ses membres et lui brouille la vue. Ses doigts tremblants se refusent à lâcher l’arme devenue trop lourde pour lui. Finalement, tous ses muscles l’abandonnent. Le métal heurte la terre, note cristalline qui recouvre le bruit sourd de la chair flasque s’abandonnant à la gravité. Une flaque noire, à peine décelable sur le fond de roche, se dessine sous lui. Il est le premier à tomber. Combien suivront encore ? Dix, trente, tous ? Je détourne la tête, de honte ou de frayeur. Je n’ai pas pu distinguer son visage. Ce pourrait être n’importe qui. Ce pourrait être moi…
Les yeux concentrent désormais leur haine, leur peur ou leur calme sérénité vers la main qui, au bout d’un bras d’une extrême nonchalance, tient la lame ensanglantée. Quand l’a-t-il dégainé, ce sabre au tranchant craquelé ? C’est que son éclat est terne et passe inaperçu… Le sang de mon parent coule au gré des fissures, et trace sur fond de métal des prédictions en une langue inconnue…

Et quoi ? N’ont-ils jamais vu de morts ? Ne sortent-ils pas tout juste d’une guerre ? Qu’est-ce qui les étonne autant ? Qu’est-ce qui les arrête ? Je sens leurs regards sur moi, mélange de colère et de terreur. Ils tremblaient déjà avant, ils tremblent de plus belle. Je ne compte pas m’éterniser ici, je ne compte pas attendre qu’ils se remettent et se reprennent. Le rythme n’est pas le bon ; le jeu est loin d’être fini ! Et puis j’ai un rendez-vous, et je veux être ponctuel.
Merde, n’en parle pas si légèrement !
Comment ? Tu en as peur toi aussi ?
Tss…


D’un geste, Shinn plante le fourreau de son sabre dans le sol. Le roc sursaute à cet affront, hoquète de surprise en crachant quelques gravats. C’est le signe de l’offense, la fermeture de parenthèse. Les miens s’élancent à nouveau. Il dégaine une des lames de son dos, puis écarte les bras, la tête rejetée en arrière, les pieds joints. Est-ce une position de combat ou de sacrifice ? C’est peut-être juste un accueil chaleureux de sang…
On l’attaque de toute part, il riposte et évite et frappe de même. Le premier coup lui est assené avec force contre le gorge, de deux gestes qui n’en font qu’un il pare et tue. Puis il se baisse, évite un coup, se redresse, en évite un autre, s’accroupit, et, d’un coup aux tendons, fait tomber un homme qu’il cloue au sol d’une lame déviée qui le prenait pour cible. Les coups viennent plus nombreux, cela ne semble pas lui poser problème. Il lui suffit d’accélérer le rythme.

Voilà qui est mieux. Voilà le bon rythme. Là, je n’aurai bientôt plus de bras si je n’arrive pas à suivre.

Ne t’inquiète pas ! Je me suis bien entraîné.

Tant que j’ai du mal à suivre. De plus en plus. Tout se brouille pour moi. Tout n’est plus qu’un enchevêtrement de noir et de blanc. Les chevelures volent, liquides, se mêlent aux étoffes, fuyantes. Les lames se caressent, amantes, s’évitent, aimantes, se disputent, éclatantes. Je ne distingue plus rien.
Plus que lui.
Il a les yeux fermés, et un sourire étrange. Léger et nonchalant. Sans trop être moqueur, ni trop amusé. Sans trop être joueur, ni trop acéré. Plutôt un sourire d’initiateur, ou d’initié. Un sourire qui sait…
Et d’ailleurs, il sait, il sait forcément. Il évite trop bien les morsures et frappe avec trop d’acuité. Ses membres passent par des chemins sûrs et tortueux, pour enfoncer d’un coup vif et précis ses lames en un point désarmé qu’il semble avoir prédit. Il pare d’un côté, attaque de l’autre, tout en évitant d’une très légère torsion du torse ou d’un simple pas un coup qui venait le prendre en traître. Il dévie les armes de ses assaillants, les retourne contre eux, sème la discorde dans la famille.
Autour de moi, ceux qui étaient restés cloués trouvent enfin le courage de s’élancer. Moi-même je sens le sang affluer de nouveau jusqu’au bout de mes doigts. Et pourtant, je n’avance pas, je ne me jette pas au combat. Mon bras rengaine mon épée. Mes yeux ne se détachent pas du spectacle.
« Mais bordel, tu fous quoi ?? »
Je l’ignore. Un sourire que je ne contrôle pas vient s’afficher sur mon visage. Je regarde…

Le coup arrive. Je me demande si j’y arriverai vraiment. Très franchement, je ne suis pas sûr. Mais si je n’y arrive pas, je meurs, n’est-ce pas ? Et ce n’est pas encore l’heure d’en finir. L’attaque est frontale, deux coups d’estoc qui visent la gorge, un coup en diagonale, du rein gauche à l’épaule droite, et l’impossibilité de me baisser, à cause d’un coup qui me prend aux genoux par derrière, et pour ce qui est de me jeter sur le côté, c’est exactement ce qu’ils veulent. Il faut que je saute en arrière, mais il me faut être précis, car ils essaieront de m’avoir dans la foulée, et à l’atterrissage. D’ailleurs, il se fera sur les mains, mon sabre est trop encombrant pour cela. Mais je ne peux pas atterrir sans arme n’est-ce pas ? Je devrai le remplacer par Jour et Nuit. Et ne pas perdre un moment pour me redresser. Bien sûr, il y aura quelqu’un à l’endroit où je me poserai. Un coup de pied bien placé devrait m’en débarrasser. Et puis, aussitôt relevé, aussitôt reparti. Il y aura des gorges à trancher. Mmmh…
Attention Vamp’, ils arrivent, tu es prêt ?
Shinn… Ne fais pas ça ! Je t’ai dit de…


Mes yeux ne se détachent pas de ses gestes. Ils sont étrangement nets, et de plus en plus, alors qu’il ne fait qu’accélérer. Mais je sens quelque chose m’étreindre le cœur. Il est des attaques qu’on n’évite pas, à moins d’avoir cinq bras, et je sens la fin approcher à grand coups de gong. Mon sourire s’efface, mes sourcils se froncent. Je crois…
Je crois bien que je n’ai pas eu ma dose…
Mais je me trompe peut-être ? D’un geste fulgurant, il lance son sabre haut dans les airs. La plupart des regards s’y fixent, il en profite pour éviter le coup qu’il n’aurait pas du pouvoir éviter d’un saut en arrière, et d’un même mouvement dégaine l’autre lame de son dos. Il atterrit sur les poings, coup de pied, se redresse, pare deux coups, tranche une gorge, perce un cœur, lâche une lame, main libre, évite un tranchant, attrape le bras, le tord, utilise son autre lame comme arme de jet, la loge dans une autre gorge.
Lève le bras gauche, paume au ciel, y accueille son sabre. Se relance.
Il est des coups qu’on ne peut éviter, ai-je dit ? C’est peut-être à revoir.

Putain Shinn, je t’ai dit, je l’ai répété, ne me lâche pas !
C’est bon, crybaby, arrête de pleurnicher ! Voilà, tout va bien, maintenant, n’est-ce pas ? Tu savais que j’allais le faire, tu savais que c’était prévu…
Merde, ce n’était qu’un rêve, pas une prémonition !
Bien sûr, je sais. Tout n’est jamais ni plus ni moins qu’un rêve après tout… Et je vais bientôt me réveiller.
Vas-tu te concentrer, oui ou non ? Tu finiras pas perdre ta tête.
Ne dis pas de bêtises. Ca aussi, c’est prévu, non ?

Allons donc, ne rumine pas ta colère en silence, c’est mauvais pour le corps, et je ne voudrais pas que ma lame me lâche avant l’heure. Fais comme chez moi ! Chez moi, quand les choses ne vont pas, on dit Fuck. Hahahahaha !


Son rire est démentiel, ses gestes aussi. Ils n’ont jamais été aussi clairs, ni aussi rapides. Mes yeux ne se lassent pas de suivre la courbe de son sabre, la trainée de ses cheveux de nuit, l’éclat violent de ses lames et de ses dents, le rideau nonchalant de ses paupières closes, et ses pas se gravent dans mon esprit, et ses parades et ses coups.
Il avait cinq sabres sur lui, maintenant, elles sont toutes dans sa main. Une à une, il les a dégainées, pour les planter dans un corps, les y laisser, les reprendre ensuite une fois main libre, parer un coup, tuer un homme, et puis, peut-être à cause de leur poids qui le ralentissent, ou de leurs longueurs qui l’encombrent, il les laisse à nouveau, se retourne ou saute ou se baisse ou pare ou attaque, et là où il atterrit il y a toujours une autre de ses lames qui l’y attend, froide, noire. Parfois, l’un des miens essaie de retourner ces armes contre leur maître, mais alors elles prennent comme vie, et un nouveau cadavre jonche le sol.
Combien y en a-t-il, d’ailleurs ? Combien d’entre nous reste-t-il ? Combien de temps avant qu’il nous tue tous, et que le spectacle finisse ? Etrangement, cette idée ne m’alarme pas plus que ça. Mon sourire est de plus en plus large. [Un sourire d’initiateur, ou d’initié… murmurent les Brises. Un tremblement me parcourt l’échine… Et ce n’est pas de la peur…]
Oh, comme je voudrais…
Je reste tranquille à ma place, et j’observe…
Rien qu’une fois…
C’est une danse.
Et si je…
C’est un carnage…
Mmmmh…

Je me demande… Vu comme c’est parti, vu comme ils sont partis, je pourrai tout aussi bien gagner…
Et quoi, tu ne veux pas ?
Hell no ! Ce serait bien trop ennuyeux…
Trop ennuyeux ? Tu te ferais quelques années de plus, à t’amuser comme tu l’aimes, jouer, tuer, sauver, aimer, trahir…
Il ne faut jamais prolonger une fête… Parce qu’à la fin, le DJ n’a plus de bonne musique !
Et si tu me répondais sérieusement, pour une fois ?
… Hey, vu comme tu essaies de me retenir, on dirait que je vais te manquer.
Merde Shinn, tu es pas possible…
C’est ça hein ? Haha ne t’inquiète pas crybaby, tout se passera bien. Et puis…
Shinn ! Concentre-…


Je me surprends à penser que le nombre n’aura pas raison d’un seul homme. Et après tout, pourquoi pas ? Puisqu’il est bien connu qu’en nos terres tout est toujours possible, survivre à la pluie, se faire aimer d’une femme-fleur, se soustraire à l’appel du feu, se moquer des Brises… Mais, comme à mon habitude, je me trompe…
Je n’ai vu ni la main ni la lame de celui qui l’a touché en premier. Je n’ai vu que le sang. Son sang, qui coule de l’entaille qui lui barre la poitrine, et fait lentement éclore sous les rameaux de ses doigts des fleurs qui teignent sa chemise de rouge… Le rouge de la Capricieuse, celui de nos linceuls et de nos marches funèbres…
Je sens les regards des miens, posés sur cette blessure, et sur le liquide écarlate qui en suinte, et je sens aussi leur souffle retenu et l’hésitation de leurs gestes ; ils doivent se sentir comme des enfants qui viennent de briser une cuve d’eau du jardin et regardent avec horreur le flot se déverser à leurs pieds, se doutant de, mais ne saisissant pas encore tout à fait la gravité de leur acte… Mon souffle à moi est tout aussi suspendu, et mes yeux tout aussi fixes, mais sur mon visage mon sourire ne s’est pas effacé ; je suis celui qui est bien content que d’autres aient brisé la cuve pour lui, et qui regarde de loin ce qui leur tombera dessus, par curiosité, ou par malveillance. Je ne sais pas encore.

Ils auraient pu me tuer, là, au moment où j’ai ouvert les yeux lorsque j’ai senti cette morsure sur mon torse. Mais ils ne l’ont pas fait. Ils regardent avec effarement la couleur de mon sang, comme, il y a bien longtemps, j’avais regardé la couleur du leur… Mais la plupart me connaissent déjà, de près ou de loin, et savent que mon cœur ne bat pas de la même façon que le leur. Et pourtant ils regardent, ils s’arrêtent et brisent le rythme, et me laissent un moment de répit, redécouvrant avec horreur que je porte les couleurs de leur mort, tout comme eux portent nos couleurs de deuil…
Que de sérieux, soudain. Cela ne te ressemble pas.
Ceci n’était pas prévu. La blessure, le sang, la douleur. Réels. Pourtant, tu sais ce que l’on dit, à propos du rêve, chez moi ? L’on dit qu’on n’y souffre pas physiquement. Tu parles d’un mensonge. Mais enfin, tu sais ce que ça veut dire ?
Ca veut dire que c’est bientôt la fin…
Ne le dis pas sur ce ton là.
Comment peux-tu rire, à un moment pareil ??

C’est Shinn qui relance le combat, sortant les miens de leur torpeur. La blessure, si elle a un court instant déformé son visage de douleur, semble l’avoir laissé indifférent (ou peut-être même qu’il a eu un petit rire ?). Il a par contre rouvert les yeux. Je ne sais pourquoi, je m’attendais à ce qu’ils soient rouges. Non, ils sont toujours bleus, et toujours aussi fiévreux, mais ce n’est pas de la folie, non, cela s’apparente plus à de l’euphorie. Joie de tuer, ou peut-être, de se faire tuer ?
Le combat a repris, donc, mais je crois qu’ils vont moins vite, et que le choc de leurs épées est moins léger, plus gauche, crissant comme deux regards qui cherchent à s’éviter sans pourtant réussir à s’ignorer complètement, s’effleurant du coin de l’œil, ne pouvant se résoudre à rompre le contact nettement, mais n’ayant cependant pas le courage de se faire face.
Je les regarde les sourcils froncés, public habitué à l’excellence confronté à une piètre prestation. Et quoi, ces coups mous qu’ils se portent et qui enraient le rythme, je devrai me contenter de cela ? Mais je comprends aussi d’un côté. Je vois la poitrine de Shinn se soulever de plus en plus sous la douleur de l’effort et de la blessure. Et je sais aussi que les miens n’osent plus porter les mêmes coups. Car finalement, pour aussi fous que nous soyons, nous n’avons jamais contemplé l’idée ô combien effrayante de pouvoir donner la mort à la mort. Ô combien effrayante. Ô combien… enivrante…

Fuck, et je me croyais plus résistant que cela… La blessure n’est pas profonde, mais elle saigne, et elle saigne d’autant plus que mes mouvements sont brusques… Je commence à perdre la vue, je ne vois plus les coups venir. J’ai les oreilles qui sifflent et qui faussent les notes claires du fer contre le fer, et le cinglement caractéristique du métal qui fend l’air. Et mon corps se fait trop lourd pour mes jambes qui n’ont d’autre choix que de décélérer. Ah, mon rythme, mon rythme ! Pourtant je pare tout aussi bien, et je tue tout aussi efficacement, comme si ma blessure s’était étendue sur eux, comme si le sang qui a giclé était empoisonné…
Ils s’enhardissent, ne baisse pas ta garde.
La bonne blague ! Je n’ai jamais eu de garde, depuis le début, juste l’avantage de la vitesse, et celui du rêve.
Le rêve t’a fait défaut.
Le rêve prédisait ma mort. Il fallait bien qu’à un moment donné, il me trahisse pour que j’évite d’essayer de me dérober à son jugement ! Ceci dit, c’était parfaitement inutile. Le combat était trop sublime, pourquoi aurai-je voulu l’altérer ? Je suis un artiste prêt à mourir pour l’ouvrage.
Tu n’es qu’un imbécile fini.
Soit, ceci je t’accorde aussi.


Finalement, le nombre aura bien eu raison de lui. Le nombre, ou la chance. La blessure a ouvert un trou béant dans sa seule défense : sa vitesse. Peut-être anticipe-t-il toujours les coups [il sait, il sait… murmurent les Brises qui viennent me caresser les cheveux, et le tintement de mes boucles d’oreilles résonne en écho avec leurs rires… ] mais il n’est plus assez rapide pour tout parer ni tout esquiver. Inévitablement, les lames se teintent de plus en plus du rouge de ses veines, et il perd un peu plus de sa force. Mais il se bat toujours, et ne se laisse pas submerger. Les miens tombent sans cesse, tandis qu’il continue à porter des coups fermes et durs, de plus en plus durs, pour lui comme pour ses victimes.

Combien en reste-t-il ? Je crois que je suis à bout…
Tu dis ça, mais ton sourire ne t’a pas quitté…
C’est de la politesse. On ne va pas à un premier rencard avec une tête d’enterrement, non, on y va les fleurs au poing et l’haleine fraiche.
Fais attention, ils sont encore assez nombreux pour t’encercler.
Ah oui, je vois ça oui… Mais j’ai encore suffisamment de force pour un dernier coup. Mes cinq lames sont près de moi, je peux trancher cinq gorges d’un claquement de doigts. Faire rouler cinq têtes, comme faire rouler cinq tambours. Mmmh…
Shinn, ce n’est pas… ne fais pas…
Come on, Vamp’ ! Tu sais bien, pourtant, que je n’ai ni le choix ni le désir de faire autrement. Que si les airs sont beaux, alors on les apprend tels quels, et que si les paroles sont belles, alors on les suit fidèlement. Qu’importe s’il s’agit d’un chant de guerre. C’est comme ça que l’on leurre la jeunesse, chez nous, et ici aussi, comme je l’ai constaté.
Toi et tes chants, et tes rythmes…
Et mes danses… Mais il n’y a ici pas de clavier, ou je t’aurai montré mon autre passion. Celle où je joue au chat et à la souris.
Plus tard peut-être.
Plus tard, ou jamais.


Ils sont cinq ou cent à l’avoir encerclé, et il sourit toujours, et je souris avec lui. Je ne sais pas quels coups ils vont lui porter, mais lui le sait certainement, et il se prépare, car tous ses muscles se tendent visiblement vers ses sabres qui sont tout autour de lui. Deux coups qui le prennent en entaille, il recule d’un pas, attrape de sa main droite le bras d’un de ses assaillant qu’il redirige vers celui qui le prend par derrière, tout en se baissant pour récupérer son sabre qui était planté dans un corps à ses pieds. Ayant lâché la première main il se redresse, la lame au dessus de sa tête tranchant vers le haut, et ce faisant coupe deux bras et une tête. Le tout tombe à terre dans une giclée de sang. Je vois son sabre s’élever dans les airs tandis qu’il attrape les lames doubles, noire et blanche, qui étaient de part et d’autre de lui. D’un coup de pied qui rase le sol il fait tomber un attaquant dont il redirige la lame vers quelqu’un à sa droite ; d’un salto arrière il évite l’ennemi qui cherchait à nouveau à le prendre en traître, atterrit derrière lui et sans lui laisser le temps de réagir, lui tranche la tête. Avant que le corps ne glisse à terre il l’agrippe et se retourne, s’en servant ainsi comme bouclier face aux coups qui pleuvent, puis quand les lames y sont bien enfoncées il lâche brusquement le corps qui entraîne épées et maîtres, au sol, cueillant deux têtes au passage. Une attaque puissante de front, qu’il a tout juste le temps de parer, mais qui le fait reculer de deux pas, le troisième trébuchant sur une jambe derrière lui. Il ne se laisse cependant pas tomber, visant son assaillant de ses lames qu’il transforme en armes de jet, puis se cabrant pour pouvoir atterrir sur les mains et se redresser presque aussitôt. On est déjà sur lui, et il n’a plus d’arme autour de lui. Il évite un coup, désarme un guerrier, vise les genoux, prend appuie sur son dos, bondit, vise du pied le cou d’un autre attaquant qui réussit tant bien que mal à parer, mais qui se reçoit alors l’autre pied en pleine poitrine. L’ayant ainsi renversé, Shinn atterrit à l’endroit exact où il se tenait au tout début. Droit, il tend un bras devant lui, tandis que son sabre finit sa trajectoire et tombe, pointe au sol, dans sa main. Ou presque…

Ai-je rêvé ? Ma main s’est refermée. Elle n’a empoigné que du vide. Mes doigts ont peut-être effleuré le métal, je ne sais pas vraiment. J’ai cru entendre le cri étouffé du sol que l’on poignarde, mais mes oreilles sifflent toujours, donc je ne suis pas sûr. Et toi Vamp’, tu as entendu ?
Shinn, ce n’est le moment de rester planté là, bouge-toi avant qu’ils ne te tombent tous dessus !
Je suis ici, au point exacte ou j’aurai du me tenir, mais le rêve m’a menti, il m’a mangé un demi centimètre. Il a coupé court à mon rythme. Avec ma propre lame. C’est un coup d’une traîtrise inégalée. Mais j’aurais dû m’y attendre. C’est un coup digne de moi.
Qu’est-ce que tu fous, Shinn, bouge-toi, merde !
Je crois qu’il est l’heure, Vamp’. Le rendez-vous.
Qu’est-ce que tu racontes ? Ne m’avais-tu pas dit qu’il s’agissait d’un tête-à-tête ? Regarde, il y a encore du monde.
Ah, ne t’inquiète pas pour ceux-là… Il y a toujours du monde, quand on va se poser dans un café la première fois que l’on se voit. Mais on ne fait jamais que l’ignorer…
Ce n’est pas le moment… Hey, Shinn ?!


La lame est passée entre ses doigts, il les a refermés trop tard. Son visage s’est figé en une expression de stupeur, et ce faisant son corps aussi. Il n’a même pas laissé retomber son bras. Ainsi immobile, il est devenu une proie docile. Mes dents sont serrées. Ma main a fait glisser le métal contre le fourreau avant même que je m’en rende compte. L’éclat de ma propre lame m’a légèrement surpris. Je la regarde en fronçant des sourcils. Je l’avais un temps imaginée terne et fendue et noircie de sang…
« Tu crois que c’est le moment de se réveiller ? »
Il me semble qu’il tremble, qu’il a peur, qu’il sait. Ce que je vais faire. Mettre un terme pour mieux recommencer.
Je relève les yeux. Il reste une petite poignée de mes parents. Fatigués, tous, sur les nerfs, prêts à craquer. Mais je n’ai pas le temps de choisir une stratégie. Ils sentent la fin approcher, eux aussi, et prendre une tournure quelque peu… inattendue. Ils se jettent sur lui, cherchent à saisir cette occasion inespérée de le clouer à terre pour de bon. Je m’élance. J’ai senti deux trois regards sur moi, surpris peut-être de voir un corps encore plein de vigueur debout sur le champ de bataille, alors qu’ils sont eux tous plus épuisés les uns que les autres.
Je m’approche de Shinn, lame dégainée, mais ma lame n’est pas pour lui. Aucune lame n’est pour lui. Non, ma lame, je la dirige vers mes parents, qui dans leur élan et leur surprise sont incapables de dévier les leurs. J’en écarte autant que je peux, sans me préoccuper du nombre de bras qui tombent, ni de l’intensité des cris des blessés. En un rien de temps, je suis sur lui, mais trop tard, il y a la une lame qui me volera la vedette, et que je ne pourrai dévier.

Regarde, regarde, il y a un jeune démon qui vole vers nous. Ses gestes sont tout de fureur contrôlée, ses yeux sont aussi noirs que le sang, et ses pas sont fluides et chantants, à couper le souffle. En voilà un, virtuose…
Shinn… Il n’est pas le seul à courir vers nous lame nue, imbécile, et si tu ne te bouges pas de là, tu ne pourras plus apprécier le rythme de ses pas.
Que racontes-tu ? C’est la fin. Le rideau va bientôt tomber, il faut que je fasse ma révérence. Il faut que j’accepte les fleurs, et que je rende les sourires. Tous les sourires.
Ta respiration s’est brouillée, serais-tu trop épuisé pour faire un pas de côté ?
Une révérence, Vamp’, mon pas je le ferai en arrière…


Shinn a les yeux dans le vague, et sa poitrine se soulève plus chaotiquement, comme si ses poumons ne savaient plus trop comment s’y prendre pour emmagasiner de l’air. Inspirer, expirer, un rythme qui n’a plus trop de sens… Je voudrais arriver à temps, dévier cette dernière lame, mais mes pas sont trop lents, ou mon ombre me retient. Elle en serait bien capable, malgré tous ses tremblements.
Et puis, de nulle part, voilà Shinn qui fait un pas en arrière. Il le fait en baissant un peu la tête, comme s’apprêtant à se rendre au sort, et je vois son bras qui amorce une faible descente. La lame arrive, lui effleure le front, lui tranche le bras. De ses lèvres mi-closes qui semblent figées en ce sourire caractéristique, aucun bruit ne sort. Tout au plus il tombe genoux à terre, le visage à la hauteur de l’arme qui lui a fait défaut.
Déçue de ne pas avoir réussi à l’amputer de son chef, la lame revient à l’assaut. Elle heurte la mienne, sursaute, s’envole, tandis que mon arme se teint de noir au creux du cou de mon adversaire. Enfin. J’écoute d’une oreille distraite le râle furieux mais faible de ma victime tandis que, ayant lâché mon épée, je me place devant Shinn, à genoux devant moi, qui lève les yeux jusqu’aux miens.
Il me dit, d’une voix rauque et cependant égayée :
-C’est donc toi…
Je n’ai pas de réponse à lui donner. Ma main glisse vers le pommeau du sabre. Il porte encore la chaleur du corps de Shinn, de manière diffuse, mourante. Je l’arrache au sol, et prend mon temps pour observer la lame. Elle est lourde, et elle ne cesse de se fendre. J’en entends les craquements, comme un os qui éclate au feu. Il est étonnant de penser qu’elle puisse couper quoi que ce soit. Mais pour l’avoir vue en action, je sais qu’il n’y a pas plus aiguisée. Pas plus mortelle. Pas plus enviable.
Le reste de ma parentèle s’est soudain figé. Ou serait-ce le temps ? Plus personne ne cherche à me prendre mon heure, et même, je pense que certains commencent sincèrement à envisager la fuite. Ce serait dommage, je voudrais bien qu’ils assistent au spectacle.
Je passe deux doigts le long de la lame, barrant ainsi les écrits de ses fentes, quels qu’ils soient. Elle frissonne dans ma main, comme animée de vie. Je sais que je dois m’en montrer digne, si je veux la gagner. Mon regard se reporte sur son maître actuel.
Donner la mort à la mort…
Mon geste est fluide, délié, naturel. Ses yeux, son râle, son sourire, son cœur, son sang.
Shploc…

Signeras-tu le pacte, petit ?
Oui. Un, deux, vingt s’il en faut.
Vingt ? Je n’en ai pas vingt à donner. Trois tout au plus. Mais tu ne fais qu’hériter de celui de Shinn.
Cela me va.
Parfait. La lame change ainsi de maître. Tu n’as plus besoin du reste. Nom, famille, rang… Ombre…
Je sens une douleur se diffuser de mon bras jusqu’au reste de mon corps, une brûlure qui suit le chemin sinueux de mes tatouages, et qui atteint son paroxysme au niveau des marques de mes yeux. Il y a quelque chose au fond de moi qui crie, un cri déchirant qui me laisse complètement indifférent.
Tu auras peut-être un choc, la prochaine fois que tu te regarderas dans la glace.
Je souris. A mes pieds, Shinn lève le bras qui lui reste vers ma main, mais je sais que c’est le contact du sabre qu’il cherche. Je commence lentement à retirer la lame de sa poitrine. Sans vraiment trop être surpris, je vois que sous le sang écarlate de son maître, elle est redevenue lisse, sans la moindre aspérité, éclatante de jeunesse. Flambant neuve. Pour moi.
Oui, je m’y attendais, à cela.
Sa main suit le flanc de la lame avec douceur.
Tu vas me manquer, mon Vampire préféré.
Trois gouttes de sang lui coulent du coin des lèvres.
Non… Finalement… Il y a un nom qui te va mieux.
La lame a quitté l’étreinte de ses côtes, et ses doigts bientôt n’assureront plus le contact, son bras devant avec le reste du corps sombrer.
Tu es celui qui ne cessera de mourir, et ne cessera de renaître.
Finalement, ses paupières se ferment, son bras tombe, sa nuque lâche. Son corps encore raide d’efforts refuse l’attraction du sol. Il reste figé, les genoux à terre, le regard au sol. Je recule, l’observe encore un petit peu – le pantalon, la chemise, le bracelet, le sang rouge… – puis me détourne. J’aperçois plus loin son fourreau, toujours planté là, malgré la bataille et les nombreux coups qui auraient pu le coucher parmi toutes les autres armes des morts. D’un coup net je tranche la corde qui retient mon propre fourreau à ma ceinture, et il tombe à terre avec un tintement discordant. Puis je me dirige vers celui qui désormais est mien. Je nettoie le [mon] sabre sur un pan de ma robe et le rengaine – je sens le souffle de ma parentèle se retenir pour écouter en silence la mélodie du métal qui glisse contre le métal. Elle retient son souffle, et me regarde, avec l’espoir que je m’en aille, ou de peur que je ne m’en aille pas. Ils n’ont plus le courage d’engager le combat. Ils ont de la chance. Je n’en ai pour l’instant pas envie.
Il y a au fond de moi quelque chose qui pleure. Je dois lui laisser le temps de faire son deuil.

Tu es celui qui ne cessera de mourir, et ne cessera de renaître.
Tu es le Phénix…
Revenir en haut Aller en bas
https://worldofspirits.forumsrpg.com
Tiefug

Tiefug


Nombre de messages : 343
Experience : messages + 0
Niveau : euh.... normal d'après mon expérience
Metier : Mathématicien
Date d'inscription : 31/03/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptyVen 20 Avr - 8:01

Eehh ? Ca n'a pas été commenté ça ? En tout cas j'aime trop!

...Et ça fait tout bizarre de commenter en français mais tous les commentaires sont en français avant, donc j'ai instinctivement commencé à écrire en français...

Et c'est l'heure de la reclecture! Et je suis sûr que je l'ai mis dans Ecrits de Spirits mais apparemment pas celui qui est sur mon PC (échec! =p), donc je ne vais pas chercher les fautes pour l'instant...

Par contre, je suis tombé sur un truc dans le précédent, "Métro". Quand le militaire parle (celui qu'Arthisa aurait préféré silencieux), tu dis que "Sa voix est forte, et prête à l’obéissance."

J'avais compris que sa voix poussait à l'obéissance, sans me poser de question... Mais je n'ai pas trouvé si (1) c'est bien ça que tu voulais dire ; et (2) c'est ça que ça veut effectivement dire. Parce que sinon, une voix qui est prête à obéir c'est pas trop dans le ton du moment, si ?

Allez, avec un peu de chance ça fait un sujet de plus qui revit (ou a un ultime sursaut... ><)
Revenir en haut Aller en bas
Yoru
Esprit de l'Ombre
Yoru


Nombre de messages : 717
Date d'inscription : 04/01/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptyVen 27 Avr - 8:32

J'avoue, ça n'avait pas été commenté ça ^^ J'avais complètement oublié que je l'avais posté là, même si à un moment j'ai un peu demandé aux gens : "au fait, t'es allé sur Spirit's ? j'ai posté un nouvel écrit ^^"

Pour ce qui est de la voix qui prête à obéissance, c'est effectivement une voix qui pousse à obéir ... Est-ce que ce n'est pas français ? =O



Anyyyyways ... Gros moment de Writer's block, j'ai donc besoin d'un petit coup de boost ...

J'étais en train de finir ça (= ce qui va suivre) mais j'ai eu un moment de désespoir, où je me suis dit que ça ne valais plus la peine ... Je poste ça ici en dernier recourt, comme j'aime pas poster des trucs pas finis ... Mais bref ...

Mostly, it really feels the whole short story is resisting me or something, I can't get it to say what I want it to say, and every sentence feels like I'm trying so hard, and sometimes I do, and it still doesn't give the right feeling, and it's like ... sooooo frustrating !!!!!!!! So please, tell me if it somehow is still worth continuing ? The sentences just feel so wrong and I'm ... Aaaaaarg ...

I don't really know how far from the end I am, though I know exactly what need to happen next and all ...

So frustrating it is ... ><

So here I go...




LE MOT DE TROP

Tu m'en voudrais si tu lisais tout cela. Tu m'en voudrais déjà parce que je parle de toi. Et ensuite, pour les mots, tous les mots. Ceux que j'emploie à tort, ceux que je sors de travers, ceux que je place à côté. Tu me le signifierais d'un petit sifflement court, quelque chose à mi-chemin entre un soupire et un claquement de langue. Quelque chose qui peine à passer entre des dents, et a encore plus de mal à parvenir à d'autres oreilles que les tiennes.
Je ne m'inquiète pas. Tu ne me liras pas, toi qui ne lisais déjà pas beaucoup. Tu ne me liras pas, puisque tu ne liras plus.


***

Il y a la porte. Il y a toi sur le palier. Il y a moi qui te regarde. Il y a l'annonce dans ta main. Cherche colocataire. Annonce que je n'ai jamais écrite, et sur laquelle il n'y a pas mon adresse. Il y a la question que je veux poser, et la remarque sarcastique que je veux sortir, les deux qui s'entrechoquent et aucune qui arrive à franchir le pas de mes lèvres. Il y a le silence. Le mien, involontaire, cordes vocales qui n'arrivent pas à se démêler. Celui de mon appartement, souffle retenu, de peur de faire fuir un papillon. Et il y a le tien. Silence de la voix, silence du regard, silence des gestes, silence de tout ce qui t'entoure.
Le tien. Indescriptible.

***

Il fallait ne rien savoir de la vie pour sortir une absurdité du type "qui se ressemble s'assemble".
Nous
Ce mot t'aurais fait sursauté, tant il sonne faux. Tu
en sommes le contre-exemple même ; mais il n'y a jamais eu
m'en aurais trouvé un de juste, mais je ne te le demanderai pas. Tu sais comme j'aime
besoin de nous
ce qui sonne faux...
pour s'en convaincre...

***

Parce que je n'aime pas le silence, je te laisse passer, et j'accueille avec soulagement les gémissements des gonds, du verrou qui reprend sa place. Tu marches des pas de fantôme, du genre qui ne dérange pas les tapis de poussière ni le repos des herbes folles. Tu avances et observes, et je me souviens de la fois où j'avais visité cet appartement.
Le premier coup d'œil ne voit rien.
Le deuxième nous montre qu'il n'y a rien à voir. Il n'y a pas de murs, il n'y a pas de sol, il n'y a que du ciment mis à nu, gris et marqué. Nu et pourtant, indifférent, s'assumant complètement, froid et distant.
Le troisième remarque la tuyauterie découverte, veines ou entrailles, et cependant discrète.
Le quatrième est suivi d'un frisson, tant l'accueil est froid.
Au cinquième, je savais que jamais je ne réussirai à dompter son impersonnalité.
Au sixième, j'ai signé.
A ceux qui m'ont demandé pourquoi, j'ai dis que c'était pour le prix. A ceux qui ne m'ont pas demandé, j'ai dit que c'était pour l'espace. A toi je n'ai rien dit, parce que tu savais déjà. Tu as su le moment où tu es entrée, et que tu as vu mes murs couverts de peintures.
Savoir l'appartement indomptable était un défi trop tentant pour ne pas le relever. J'ai donc tout essayé pour mettre l'appartement à mes couleurs. Lui faire cracher mon nom à chaque fois que quelqu'un passe la porte. Toutes les teintes, toutes celles que j'ai pu trouver et me payer, des plus discrètes aux plus criardes, des plus communes aux plus insolites. Et quand la peinture n'a plus suffit, les affiches photos morceaux de cartons plaques de plastiques cadres défoncés qui me sont tombés sous la main. Et puis il y a eu les meubles et les lampes et les livres et les tapis et les bouteilles et les fringues et les petits électroménagers. Je n'ai obtenu qu'un patchwork de couleurs qui en d'autres lieux auraient rendu immonde. Pas là, pas ici. Pas sur ces murs non. Eux transpirent l'indifférence au point de déteindre.
Mon appartement était rempli, mais restait vide comme au premier jour. Vide et silencieux. Comme au premier jour.

***

Je n'aime pas le silence...

***

-Je ne cherchais pas de colocataire, mais s'il est vrai que quand on cherche on trouve (quoi que), il n'a jamais été dit que quand on ne cherche pas, on ne trouve pas.

Je dis ça à Fabien(/Fabrice/Brice??). Il me regarde, il fume, il regarde ailleurs en exhalant, je pense que c'est pour se donner un air. Il dit que c'est pour pas polluer le mien. Je sais qu'il ment parce que je le connais de longue date. Toi, tu l'as vu parce que ses gestes font tellement de bruit que ce serait dur de le rater. Il met en avant les angles de son visage, le carré de ses épaules, l'unique anneau qu'il porte à l'oreille gauche. Il a les yeux mis clos et une mèche rebelle sur l'arcade sourcilière, mais rien pour cacher le gris de ses yeux. Un fin filet de fumée s'échappe du coin de ses lèvres, étirées en ce qu'on pourrait appeler un sourire empreint de mélancolie, mais tu dirais qu'il est juste sur le point de pleurer de rire. Il ne dit rien, il crie "regardez-moi".
Tu le trouves ridicule.
Je le trouve sublime.

Fabrice revient à nous, et fait semblant de vouloir relancer la conversation. Il te regarde, l'air intrigué, et dit:
-Mais pourquoi as-tu frappé à cette porte, puisque tu savais que ce n'était pas l'appartement que tu cherchais?
Celui de l'annonce, il était à l'autre bout de la ville.
Tu regardes autour de toi, tout autour de toi, en prenant soin dans ton regard de nous exclure Brice et moi, et puis il y a ce petit sourire qui chez toi veut tout dire et puis, parce que tu sais que si tu ne dis rien lui ne te comprendra pas, tu consens à prononcer quelques mots:
-Parce que j'ai trouvé.

Celui de l'annonce, il était à l'autre bout de la ville. Toi, je ne sais pas d'où tu viens, mais pour cet appartement, je sais que tu serais venue de l'autre bout du monde. De tous les bouts du mondes. Et si je t'avais fermé la porte au nez, tu te serais installée quand même. Et s'il n'y avait pas eu moi, mais une famille, un psychopathe, un psychologue (lequel te fais plus peur?), un nid de serpents, une planque de mafieux, un laboratoire de cristal meth, que tu te serais installée quand même. Et pour cette seule et unique raison. Parce que cet appartement, tu l'avais trouvé.

***

Les gens te voient et te trouvent fragile. C'est dû à la manière dont tes yeux se cachent d'eux-mêmes, derrière des paupières des mèches des verres des ombres, c'est dû à la finesse de ton ossature qui t'oblige à te recroqueviller au moindre courant d'air, si fine qu'on l'entend presque gémir à chacun de tes pas. C'est dû à ton laconisme, et ton air effaré quand tu prononces un mot, comme si tu n'étais pas habituée au son de ta voix. C'est dû à la façon dont tu sursautes, toujours, tout le temps, au moindre bruit, n'importe quel bruit, un sifflement, un soupir, un baiser, un geste brusque (ou pas), un mot sur une feuille de papier.
Les gens te voient et te trouvent fragile, et ils ont raison et ils ont tort. Ils ont raison parce que tu l'es, fragile, mais pas de celle des jeunes pousses, comme ils le croient, celle des enfants encore trop peu familiers du monde qui les entoure. Ils ont tort, parce ce qu'ils croient que tu as peur, peur d'être emportée par un courant d'air, peur de te perdre, peur de la force des mots quand ta voix à toi est trop faible pour te défendre. C'est faux.
Les gens te voient et te trouvent fragile, mais personne ne sait comme moi. Il faut t'avoir observée des jours durant. Voir comme chaque geste que tu fais semble millimétré, comme jamais il ne t'arrive de te cogner, de trébucher, ni même avoir à dévier ta trajectoire pour une quelconque raison. Entendre comme à toute question qui t'es posée, tu réponds d'une phrase qui ne peut être plus simple ni plus juste, mettant un point à la conversation, sans que subside la moindre ambigüité, le moindre doute. Et ce n'est pas que tu es maniaque, non, parce que tu ne le fais pas exprès. Tu es exacte, tu es née ainsi, comme d'autres naissent un oiseau dans la gorge ou la peinture au bout des doigts. Tu es exacte dans tout ce que tu fais, et exacte dans tout ce que tu reçois, décelant les moindres nuances et les moindres écarts, toutes les erreurs et toutes les fausses notes. Sans exception. A tes yeux, les phrases les lumières les sons les regards des autres ne font qu'enfoncer des portes ouvertes - jamais les bonnes. Chaque mot de trop comme un cri à tes oreilles, chaque couleur trop vive comme le feu contre tes yeux, chaque fausse note comme des ongles sur un tableau de nuit et de craie. Tous les jours, tout le temps, sans répit sans pitié...
Les gens te voient et te trouvent fragile, et je suis la seule à savoir pourquoi. Pourquoi tes yeux fuient et tes os tremblent. Et tes doigts évitent les surfaces rugueuses comme si elles essayaient de te mordre. Et tes épaules s'arquent et tu te couches toujours de plus en plus tôt. C'est que tu es une corde trop tendue trop usée, une corde qu'un rien pourrait faire céder.
Dans combien de temps, dis?

***

Tout ça bien sûr, tu me l'aurais résumé en deux mot, ou peut-être un, et tout aurait été dit. Et je t'aurais regardée avec admiration et irritation, admiration pour la beauté du mot, pour le voir s'emboîter avec mes idées comme une pièce de puzzle confectionnée sur mesure, irritation pour avoir coupé tout l'élan de mes phrases, toutes les couleurs que j'y ai apposées, aussi fausses et criardes soient-elles. Admiration et irritation, et là encore des erreurs, que je n'essaierai pas de corriger. Tu sais comme je me plais à me tromper.

***

Il y a donc toi, sous ce toit, toi qui aime à te terrer dans le silence rassurant de l'appartement, cet espace qui s'entête à rester vide et froid, nu comme au premier jour. La simplicité même.
Et il y a moi. Moi, qui suis tout le contraire. Qui suis approximative et errante. Moi qui suis une fille du bruit, de tous les bruits, pas, portes, soupires, éclaboussures, reflets. Moi qui n'ai jamais réussi à mettre un pied devant l'autre sans me cogner quelque part. Moi qui, le jour, marche à tâtons, parce que je ne peux me passer de sentir l'écorce des arbres ou l'aspérité d'un mur mal peint. Moi qui, la nuit, m'emplit les yeux des néons, pour que persistent les feux d'artifice, quand j'abaisse les paupières ou que je refuse de les laisser tomber. Moi qui ne peux vivre sans saigner, qui ne peux dormir sans pleurer. Moi qui aime les rythmes, aime les briser. Moi qui peins parce que je ne sais pas écrire, et écris parce que je ne sais pas lire. Et je parle tout le temps, mais je ne dis jamais rien.
Parce que je n'aime pas le silence. Mais ça tu sais.

***

Je suis affalée dans le salon, les livres sur les genoux, les yeux sur ta porte. J'attends que tu sortes, peut-être, même si je sais que tu ne le feras pas, que tu ne le feras plus. J'ai arrêté d'essayer d'entrer, de déposer les plateaux au seuil de ta chambre, je pense que tu en es soulagée. Cela t'épargne un peu de souffle, celui que tu payes pour sortir les quelques mots qui me disent de ne pas entrer, ou que tu n'as pas faim ; et je sais qu'il ne t'en reste plus beaucoup.

***

Le premier livre est aux dimensions improbables, un peu trop long un peu trop fin, du genre à chambouler toute l'homogénéité d'une bibliothèque. C'était, à la base, pour cela que je l'avais acheté. La couverture n'en est pas une. C'est une page comme n'importe quelle page intérieure, ne comportant qu'un seul mot : "Livre.", écrit tout bêtement à son début, sans alinéa, avec majuscule et point. Pas de tranche, pas de quatrième.
C'est un livre facile, un livre qui se laisse lire en diagonale ou à l'envers, sans prétention sans modestie, une simple petite histoire, juste assez longue pour que ce qui doive se passer se passe, juste assez courte pour que rien de ce qui pourrait arriver arrive. Pas de suspens, peu de cliché, juste ce qu'il faut de prévisible et d'incongru. C'est un livre léger et souple, qui épouse bien les mains qui le tiennent, qui se glisse sans protester dans un sac à main, sans se cabrer sans se plier et pourtant sans rien déranger sans rien déloger, qui se pose avec grâce sur la table et s'y creuse une petite place confortable, et qui ne rechigne pas à s'en faire chasser, par une tasse ou une revue de femme bête.
Je ne l'avais pas aimé, je n'aurai su dire pourquoi, et d'ailleurs, je ne voulais pas savoir pourquoi. Je l'avais fini avec ce petit froncement de sourcil, celui que l'on remarque rarement et qui trahit plus que l'on croit, celui qui assombrit le front des amis à qui l'on vient de donner un conseil ou de faire un aveu. Je l'avais fini en le laissant glisser de mes mains comme d'autres laissent glisser des vases ou des fleurs qui se fanent, et je m'étais levée, sans attendre, pour me faire un café, ou quelque chose d'acide qui puisse justifier mon expression pincée, alors qu'il n'y avait pas plus léger que ce livre.

***

Tu en avais déjà lu les dix premières pages quand je suis revenue avec mon verre.
Toi qui n'aimes pas les livres.
Tu étais comme tu es toujours, lorsque tu te poses sur le canapé : le dos contre l'accoudoir, les genoux repliés, les épaules un peu affaissées, les cheveux te couvrant un peu les yeux. Tu ne tiens pas le livre comme les autres, à bout de doigts, le plus loin de ton visage possible, et de travers, essayant d'adoucir l'angle de contact entre ton regard et les lignes d'encre noire. Non celui-là s'est trouvé une place dans ta main et contre tes jambes. Tu le lis sans cet air effaré qui te prend souvent quand tu lis quelque chose, une page un poème un slogan une enseigne un panneau un mot même pas un mot ... Et puis même, je crois, je ne suis pas sûre parce que ton visage était à l'ombre, mais je crois, tu souris, comme il ne t'arrive jamais de sourire.
Et tu souris et tu lis.
Toi qui n'aimes pas les livres, parce que le bruit qu'ils font quand on tourne leurs pages t'hurlent la fin des histoires comme les banshees crient leurs promesses de mort.
Mais voilà, les pages de ce livre là, elles ne font pas un bruit.

***

J'ai le livre sur mes genoux, et me prend une forte envie de le brûler. Mais de l'autre, que ferai-je ?


That's all I've got for now ...
Revenir en haut Aller en bas
https://worldofspirits.forumsrpg.com
Tiefug

Tiefug


Nombre de messages : 343
Experience : messages + 0
Niveau : euh.... normal d'après mon expérience
Metier : Mathématicien
Date d'inscription : 31/03/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptyDim 29 Avr - 0:12

It's a pretty different style from what you did before, I'll admit... Much more confusing, even though it fits the narrator...

Je pense que ça vaut le coup de continuer ça si tu as déjà une idée de la suite de toute façon... Mais c'est un style qui a l'air très compliqué à écrire, je comprend que tu ais du mal au bout d'un moment...

Quand j'ai lu le paragraphe sur "les gens te trouvent fragile" j'ai trouvé qu'il cliquait pas vraiment, mais je pourrais pas dire pourquoi... Peut-être la longeur, et la répétition. Il n'y a pas tant de répétition dans le reste, je crois...

Euh, sinon je pense que même si tu as l'impression que le texte n'est pas exactement comme tu voulais, c'est pas si grave. Tu pourras toujours retoucher une fois que tu auras fini, au pire (je fais ça tout le temps ^^)...

Pour les fautes, juste les "C'est du" qui je pense devraient-être "c'est dû", j'ai corrigé. Le reste, rien d'évident (énumérations sans ponctuation mais ça je pense que ça fait partie du style...)
Revenir en haut Aller en bas
Tiefug

Tiefug


Nombre de messages : 343
Experience : messages + 0
Niveau : euh.... normal d'après mon expérience
Metier : Mathématicien
Date d'inscription : 31/03/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptyDim 29 Avr - 4:44

Putting up PHENIX on file now...

"« Owarida » … " => "« Owarida… » " Ou pas ?

"et j’ai fait plus qu’un tour." => C'est juste ma préférence personnelle peut-être, mais "plus d'un tour." ?

"Je place ma lame à l'horizontal devant moi." => Je suis pas sûr, mais je pense qu'on dit "à l'horizontale"... Si quelqu'un sait que c'est français, je remettrai...

"des habits noirs et blancs, sans manche,..." => "sans manches", sauf si un habit normal avait une seule manche...

"...parce que tes gestes sont grands.
Soupire.
- Il n'y a rien..." => "Soupir", non ?

"je n’aurais jamais de réponse qui ne soit entièrement vraie, ni entièrement fausse." => Je comprend ce que tu veux dire, encore une fois, mais là ce qu'il dit c'est que toutes les réponses seront entièrement vraies et entièrement fausses... (jamais + ne soit = double négation) Donc plutôt "je n'aurais jamais de réponse qui soit entièrement vraie, ni entièrement fausse"... ?

"je n’aurais jamais de réponse qui ne soit entièrement vraie, ni entièrement fausse. Je me contenterais donc de ce mot, à défaut d’autre chose." => "aurai" et "contenterai" pour le futur, je pense.

"Les noms ne signifient pas grand-chose, de là où je viens." => "là d'où je viens"

"Haussement d'épaule" => Il ne hausse qu'une épaule ? C'est possible aussi... Je laisse, mais...

"Perso, je dirai que non plus." => futur, ou conditionnel? pour l'instant, je laisse.

"Tout autour de moi, l’on s’élance." => "on s'élance" suffit si tu laisses la virgule

"Il avait cinq sabres sur lui, maintenant, elles sont toutes dans sa main." => "lames", pour l'accord dans toute la suite... Ou sabres et changer les pronoms dans le paragraphe, comme tu veux.

"les reprendre ensuite une fois main libre" => je suis pas sûr comment changer ça, mais "une fois une main libre" pour l'instant... "les reprendre ensuite dans une main libre" serait ma suggestion, mais c'est trop différent de ce que tu as écrit pour que je le change tout seul.

"là où il atterrit il y a toujours une autre de ses lames qui l’y attend, froide, noire" => "qui l'attend" suffit, je pense.

"vu comme ils sont partis, je pourrai tout aussi bien gagner…" => "pourrai" ou "pourrais" ?

"Mais je comprends aussi d’un côté." => Mauvaise formulation, je trouve... "d'un autre côté" peut-être ? J'ai laissé.

"J’écoute d’une oreille discrète le râle furieux mais faible de ma victime " => "distraite" n'est-ce pas ? Sinon je rechangerai...

"Il est étonnant de penser qu’elle puisse couper quoi que ce soit. Mais pour l’avoir vu en action, je sais qu’il n’y a pas plus aiguisé. Pas plus mortel. Pas plus enviable." => Je suis pas sûr mais on parle de la lame dans tout ce passage non? Donc "vue", "aiguisée", "mortelle" ? Sinon "vue", et "il n'y a rien de plus aiguisé. De plus mortel. De plus enviable." ?

"Trois gouttes de sang lui coulent du coin des lèvres." => Pareil, je pense qu'il y a un problème, mais ça passe... Si tu as une meilleure formulation, je ferai l'edit. ^^ peut-être qu'on dit "au coin des lèvres" ? Meh...

Plus des typos d'accord (7), d'orthographe (7), de syntaxe (3), de temps (9), et de ponctuation...

NB : Il y a un vrai problème de "voudrai" / "voudrais" dans celui-là...
NB2 : "Comme si" + imparfait, n'est-ce pas? J'ai un doute... Tu avais écrit "Comme si ses poumons ne savent plus trop..."
NB3 : "Shploc" ? lol!
NB4 : J'ai mis tout ça dans le .doc, et je me demandais si les alinéas (qui n'apparaissent pas dans le post mais apparaissent quand j'édite) sont à ajouter ou pas... Surtout qu'ils sont assez random je trouve... Et avant "L'éclat des lames nues de mon maître." Il y a deux lignes sautées au lieu d'une (c'est le seul endroit) c'est normal ? Euh si tu t'étais pas posé de questions te creuse pas la tête, je sais bien que je pose trop de questions difficiles *embarassed*

Voilà, juste quelques question pour Yoru ^^ Mais aussi, qu'est-ce que vous en pensez les autres? J'ai commenté, mais je suis le seul... Les scènes de combats sont vachement bien décrites je vois pas de quoi elle se plains... Comparez avec les miennes ("Sois une plume") vous verrez...

Et aussi double post ^^ désolé...
Revenir en haut Aller en bas
Yoru
Esprit de l'Ombre
Yoru


Nombre de messages : 717
Date d'inscription : 04/01/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptyMer 18 Juil - 18:31

J'ai relu ta relecture, effectivement, un certain nombre d'erreurs, il faut que je corrige ^^

Je viens de me rendre compte que je n'ai pas posté ça, alors que c'est le dernier truc potable que j'ai écrit.

Je ne l'ai pas relu depuis et j'ai écrit ça la nuit, ce doit donc regorger de fautes !

Mais voici :


Tu connais la légende de Narcisse, mais il en existe une autre version, à mes yeux plus belle. Veux tu que je t'en parle?

Je ne réponds pas, parce que je sais que ce n'est pas la question que tu as en tête. Tu poses ton thé et prends le livre, celui qui était sur tes genoux quand je suis entrée.

A la mort de Narcisse les Oréades, divinités des bois, vinrent au bord du lac d'eau douce dans lequel il s'était noyé, et l'avaient trouvé transformé en urne de larmes amères.
«Pourquoi pleures-tu ? demandèrent les Oréades.
— Je pleure pour Narcisse, répondit le lac.
— Voilà qui ne nous étonne guère, dirent-elles alors. Nous avions beau être toutes constamment à sa poursuite dans les bois, tu étais le seul à pouvoir contempler de près sa beauté.
— Narcisse était donc beau ? demanda le lac.
— Qui, mieux que toi, pouvait le savoir ? répliquèrent les Oréades, surprises. C'était bien sur tes rives, tout de même, qu'il se penchait chaque jour ! »
Le lac resta un moment sans rien dire. Puis : «Je pleure pour Narcisse, mais je ne m'étais jamais aperçu que Narcisse était beau. Je pleure pour Narcisse parce que, chaque fois qu'il se penchait sur mes rives, je pouvais voir, au fond de ses yeux, le reflet de ma propre beauté. »


Tu lèves les yeux du blanc des pages et me regardes, et tu me demandes: si Narcisse voit son reflet dans le lac, que verrai le lac dans les yeux de Narcisse ?
Le feu brûle à ma gauche, et t'éclaire à moitié. Les mèches de ton front assombrissent la grande partie de ton visage, te donnent un air inquiétant, en te rendant tes couleurs, celles que tu t'efforces tous les jours de cacher. Le thé me brûle les doigts, je me demande comment tu fais pour le boire, mais d'un côté, je me demande beaucoup de choses à ton sujet, des choses qui n'ont pas de réponse, pour la plupart.
Tu refermes le livre ; il fait un petit bruit sourd, une sorte de toux étouffée, alors que ta tasse elle n'avait pas émis la moindre note lorsque tu l'avais reposée. Tu penches la tête de côté, et un petit sourire se dessine ; les ombres sur ton visage s'étendent un peu plus, accentuent la finesse de tes traits, tes pommettes hautes et tes dents blanches ; je sais que c'est ta façon de m'inciter à répondre.
Je mène la tasse à mes lèvres, j'ai l'impression de boire des braises. Le feu se propage dans tout mon corps, je regrette juste ne pas être plus proche de celui qui brûle dans l'âtre. Comme il doit être bon de mourir au bûcher...

Et puis je dis :
Tu connais ma réponse, comme tu connais tout ce que je pense, tout ce qui a trait à moi.

Je ne suis pas sûre de l'avoir dit tout haut, peut-être ne l'ai-je même pas pensé tout bas, mais tu ris, et ton rire est claire, et froid, et me vient à l'esprit l'image d'un glaçon dans un verre de whisky - un feu froid. C'est peut-être pour ça que tu peux boire ton thé. C'est sûrement pour ça que tu le fais : pour essayer de fondre un peu, comme il ne t'arrive jamais.
Ton rire s'arrête net, sans prévenir, et ton visage se fige quelques secondes.

Tout ce que tu penses, oui, je sais. Tu te dis que le vrai narcissique dans l'histoire n'a jamais été Narcisse, mais le lac, depuis le début. Cela parce que Narcisse n'ayant jamais été confronté à son reflet, il ne s'est pas reconnu dans le lac. Il a vu dans l'eau un être à la beauté sublime, et est resté figé, béat. Cet être, il n'avait pas moyen de savoir qu'il s'agissait de lui même. Tu te demandes si on peut dire qu'il est tombé amoureux, mais tu abhorres ces mots et préfères ne pas t'en servir. Cependant, tu consens qu'à utiliser ce terme, alors il ne faut pas dire que Narcisse est tombé amoureux de lui-même, mais qu'il est tombé amouré de son reflet, et que ce sont deux choses complètement différentes. Narcisse s'est vu comme tous les autres hommes l'avaient vu. Dans sa manière de se comporter, on ne peut que reconnaître celui qui, enchanté par une vision, se fige afin de ne pas la faire fuir, persuadé que sa présence n'est qu'un accident, et que ce faisant il brave un interdit divin, qui aura tôt fait de le punir s'il manifeste sa présence. C'est comme avoir entre ses mains l'oeuvre maîtresse d'un artiste, et la penser si fragile que le moindre souffle la briserait. C'est comme aimer un être et ne pas oser le courtiser, de peur de briser l'image qu'on en a, et se contenter du simple fait que tous deux existent en ce même monde, foulent du pied la même terre. Tu dis que, comme tout humain, Narcisse a été foudroyé par la beauté, il s'agissait de la sienne, il aurait pu s'agir de celle de n'importe qui ou n'importe quoi, que cela n'aurait pas changé. Tu penses finalement que c'est une histoire bien banale.

Entre mes doigts le thé est froid, la porcelaine est glace. Seul le feu apporte encore un peu de chaleur, mais je sais qu'il ne va pas tarder à s'éteindre. Je ne te regarde pas quand tu parles, je sais que tes yeux percent tout ce sur quoi ils se posent, que ton visage se tord presque, tantôt jubilant tantôt indifférent, que ton sourire s'il peut être des plus doux est aussi souvent des plus cruels. Je t'écoute juste, et ta voix ressemble à un marteau qui abat un mur pierre par pierre, des petits coups sur les coins pour faire lâcher prise au ciment, un dernier coup asséné avec violence pour le plaisir des étincelles et des éclats, de la poussière qui retombe.

Tu considères par contre que le lac, lui, n'a jamais vu dans les yeux de Narcisse que cette admiration et cette béatitude que lui avait inspiré son reflet. Le lac est insensible à la beauté de Narcisse, il est par contre très touché de le voir se pencher sur ses rives avec attention, s'approcher de ses eaux, se retenir de les toucher, l'observer en soupirant, souffrir en silence son mal qui est plus profond, bien plus profond qu'un mal d'amour... Il a reconnu en ses yeux les symptômes de ceux qui se figent devant la beauté, comme lui-même le fait chaque année quand passe la Reine d'Hiver, et a pensé être à l'origine d'un tel comportement. Tu penses que jusque dans son lit il s'est senti flatté, parce que jamais il n'avait eu de miroir aussi embellissant. Parce que tels sont les rôles dans ce conte : à Narcisse, le miroir, et au lac, la vaine princesse...

Sur tes genoux tes doigts caressent la couverture du livre, son film plastique encore neuf. Parfois un spasme les parcours, tes doigts se referment sur le vide. Je me plais à penser qu'ils étranglent un cou imaginaire ; un doux frisson me parcours. Mon regard se pose à nouveau sur le feu, qui s'étouffe en silence, tire la langue, essaie de se redresser, retombe sur ses genoux, se recroqueville sur ses cendres, enfant qui se tient le ventre tant il a faim.
Tu te dis qu'au fond, c'est le lac la victime, parce que c'est lui qui pleure, mais jamais il n'a pleuré Narcisse, il n'a fait que pleurer la perte de son image, la preuve de sa beauté. Narcisse lui, resté silencieux jusqu'au bout, n'a jamais été qu'un accessoire, un jean qui craque et chagrine sa maîtresse, qui ne fait en rien le deuil de son pantalon, mais celui de ses figures perdues.
L'histoire à tes yeux est toujours aussi banale. Ainsi n'aime-t-on que les miroirs qui déforment, ainsi marchent les lacs, ainsi marchent les hommes. Ainsi toujours cherche-t-on en un partenaire et en un ami son reflet le moins fidèle, le plus flatteur. Ici tes pensées s'arrêtent et se détachent de la problématique qui en fin de comptes t'ennuie profondément, parce que tu l'as déjà auparavant tournée et retournée dans tout les sens. Tu m'en veux de dire cela, de te faire passer pour prétentieuse, mais un sourire s'affiche quand même à ton visage. Tu te dis qu'entre nous deux, la relation est la même : tu es Narcisse et je suis le lac, je dresse de toi un reflet parfait, et tu me rends reconnaissance et admiration. Je décèle tous tes défauts et te les craches à la figure à la moindre occasion, tu es, toi, toujours capable de comparer mes faits et gestes aux dieux et aux poètes.

Le feu s'apprête à mourir, et avec un sourire je lui lance en dernière pitance le livre qui est sur mes genoux. Il y a un regain fugace de luminosité. J'observe dans le miroir d'en face comme mes mèches assombrissent mon visage, me donnant un air absent et quelques peu stupide, me rendant les couleurs que j'arbore au quotidien sans réussir à m'en défaire. Le thé me glace les doigts, je sais qu'il est infect pourtant je continue de le boire, je me demande pourquoi, mais il y a à mon sujet un tas de questions que je me pose et dont je connais les réponses ; elles me sont toutes odieuses aussi j'ai pour habitude de les ignorer.
La fumée s'échappe des cendres de l'âtre, étrangement fine, plutôt semblable au tracé délicat des cigarettes. Je me lève et laisse derrière moi la pièce vide.
Une seule pensée me reste.
Comme il doit être bon de mourir au bûcher...
Revenir en haut Aller en bas
https://worldofspirits.forumsrpg.com
Tiefug

Tiefug


Nombre de messages : 343
Experience : messages + 0
Niveau : euh.... normal d'après mon expérience
Metier : Mathématicien
Date d'inscription : 31/03/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptyJeu 19 Juil - 0:27

Great work! I was really curious about the two people in there... And the last sentence really threw me off! I totally didn't expect that! Also, just one mistake at first glance: "Je sais qu'il est infecte", I changed it back to "je sais qu'il est infect".

Umm anyway, care to answer the questions from last post? Even if it's to say that it doesn't matter or you've forgotten... Thanks!
Revenir en haut Aller en bas
Arthisa
Esprit de Lumiere
Arthisa


Nombre de messages : 572
Age : 31
Metier : Esprit de Lumière
Date d'inscription : 05/01/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptyVen 20 Juil - 3:41

J'adooooore!! =O
Bien écrit, mystérieux et complexe mais pas trop dur à comprendre, et assez original (en tout cas les métaphores m'ont bien surprises, surtout celle du jean =P).

Une seule chose: vers la fin, "elles me sont toutes odieuses aussi j'ai pour habitude de les ignorer." ça serait pas mieux "ainsi" à la place de "aussi"? (just saying, ignore the person who can't speak french if she's talking nonsense, you know...)
Revenir en haut Aller en bas
Yoru
Esprit de l'Ombre
Yoru


Nombre de messages : 717
Date d'inscription : 04/01/2006

Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 EmptySam 21 Juil - 18:43

NooooOOOOOOOOoooooooooOoOOoooooOoooooOOoOoOOOoooooOooon j'ai répondu mais mon message s'est effacé à cause d'un pb internet !
Dsl Tiefug, je le referai un autre jour ^^''''
Revenir en haut Aller en bas
https://worldofspirits.forumsrpg.com
Contenu sponsorisé





Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru   Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru - Page 6 Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Sur demande d'Echo> sadisme a Yoru
Revenir en haut 
Page 6 sur 6Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6
 Sujets similaires
-
» Dessins de Yoru~~ (je suis suicidaire)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Spirits' World :: Hors RPG :: Ecrits-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser